"Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut." Ciceron

Qui nourrit réellement l’humanité ?

Synthèse & résumé À propos du livre Biographie de l'auteur

Notre modèle alimentaire actuel n’a rien de logique et de durable : il pousse la planète, ses écosystèmes et les espèces qui y vivent à deux doigts de l’anéantissement. 1 milliard de personnes souffrent de faim. 2 milliards de personnes souffrent de maladies liées à l’alimentation. 

Mais qui nourrit réellement l’humanité ? Car, si par « nourriture », nous entendons la toile du vivant et par « humanité » au sens large pour inclure Gaïa, alors il faut répondre que ce qui nous nourrit vraiment, c’est :

L’agroécologie

Le sol vivant

Les pollinisateurs

La biodiversité

Les semences

Les petits paysans, les jardiniers

La localisation.  

En Inde, en 1987, Vandana Shiva a lancé Navdanya, un mouvement de conservation des semences, de protection de la biodiversité et de sensibilisation aux méthodes agricoles écologiques. Elle a contribué à créer 120 banques de graines de semences communautaires, qui mettent librement à disposition des agriculteurs, des espèces végétales savoureuses et nutritives qui ne nécessitent pas d’intrants extérieurs issus de l’agrochimie, ce qui leur permet à la fois d’améliorer leur alimentation et d’augmenter leurs revenus.  Par la pratique d’une agriculture écologique respectueuse de la diversité, Vandana Shiva enseigne comment cultiver des aliments sains en abondance tout en renforçant la fertilité des sols et la biodiversité, en conservant l’eau et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique.  

L’agroécologie est une véritable alternative au paradigme inopérant et violent de l’agriculture industrielle. L’agriculture biologique et l’agroécologie conservent et renouvellent une grande variété d’espèces, préservent l’eau en augmentant la capacité de rétention des sols par le recyclage de la matière organique, redonnent vie à la Terre et la célèbre comme une entité vivante et dynamique.

Le sol vivant est le terreau de plantes saines, qui elles-mêmes sont un bienfait pour les populations.  La santé des sols, des végétaux, des animaux et des êtres humains fait partie d’un même tout. Le botaniste Albert Howard disait : « Un sol fourmillant de vie sous la forme d’une microflore abondante permettra l’émergence de végétaux sains et ces plantes consommées par les animaux et l’homme, leur permettront d’être eux-mêmes en bonne santé. Mais un sol infertile, qui manque de microbes, de champignons et d’autres formes de vie, transformera d’une façon ou d’une autre ces carences au végétal qui a son tour la transmettra aux animaux et à l’homme. Nous sommes le sol, nous sommes la terre.  Ce que nous infligeons au sol, nous nous l’infligeons à nous-mêmes.  Ce n’est pas un hasard si les mots « humus » et « humain » ont la même racine étymologique.

Les pollinisateurs que sont les abeilles, les papillons, les insectes et les oiseaux déplacent le pollen de fleur en fleur, fertilisant les végétaux qui peuvent ainsi se reproduire.  L’utilisation des pesticides se fait dans le mépris le plus total de toute éthique.  Les populations de parasites qui tuent les espèces bénéfiques augmentent et développent une résistance de plus en plus forte aux pesticides.  Sortir du cycle des poisons est essentiel pour protéger notre santé et notre biodiversité. Il est temps de laisser derrière nous la logique militaire qui nous fait voir toutes les espèces comme des ennemis à exterminer, pour adopter la vision d’un monde unifié, dans lequel les êtres humains font partie de la grande famille de la Terre et dans lequel, les pollinisateurs et les insectes bénéfiques sont nos coproducteurs dans la toile mondiale de l’alimentation.

La biodiversité qui a considérablement diminué sur ces 70 dernières années. Trois facteurs sont responsables de la perte de biodiversité : l’emprise des industriels sur les semences, le commerce à longue distance, et la transformation industrielle des aliments.  Il est de notre responsabilité de protéger notre patrimoine semencier, de consommer autant que possible localement et de se remettre à cuisiner les aliments que nous aurons produits ou achetés localement.

Les petits exploitants, paysans, et jardiniers nourrissent 70 % de la population mondiale en occupant 30% des terres arables. Nous pouvons, chacun d’entre nous, être des consommateurs de graines, des cultivateurs de nourriture, et soutenir les millions de petits producteurs et d’agriculteurs qui nous alimentent et donnent vie à la terre.

Les semences sont le premier maillon dans la chaîne alimentaire.  Elles sont le fondement même de notre être. La mainmise de l’industrie sur les semences est une forme de violence à l’encontre des agriculteurs. Alors qu’ils cherchent la diversité, la résilience, le goût, la qualité et la nutrition, les entreprises sont en quête d’uniformité, de vulnérabilité, de transformation industrielle et de transport longue distance d’un système alimentaire mondialisé. La liberté des semences est un impératif écologique, politique, économique et culturel. Si nous ne réagissons pas, l’agriculture disparaîtra inévitablement. Il est de notre devoir moral et écologique de remettre en cause les brevets sur les semences, de libérer les semences et nos agriculteurs, de défendre notre liberté et de protéger la ressource communautaire que constitue les semences libres.

La localisation associée à une agriculture écologique pourrait résoudre toutes les dimensions de la crise alimentaire dont tous les aspects sont liés au système alimentaire mondialisé et industrialisé : faim, maladie, pollution, chômage, injustice, non-durabilité, gaspillage… Où est la liberté des peuples ? Leur droit à vivre sans entraves, à avoir accès à des moyens de subsistance et à des ressources vitales, y compris des semences, de la nourriture, de l’eau et des terres ? Nous devons axer nos systèmes de production et de distribution de nourriture sur les économies locales.

LA VOIE A SUIVRE

  • Distinguer la fiction de la réalité.  Tout le monde est capable de cultiver de la nourriture.
  • Privilégier l’agroécologie fondée sur les rapports et la connexion.  Reconnaitre l’intelligence de la nature.
  • Les semences libres sont des entités vivantes et en évolution.  Elles sont le pilier de notre démocratie alimentaire.
  • Revenir à la polyculture sans intrants chimiques.
  • Redéfinir la productivité.  Reconnaitre la diversité de la nature et son potentiel d’abondance.
  • Renoncer à toute fausse nourriture.
  • Revenir au local.
  • Réclamer des prix réels et justes.  Rétablir un commerce équitable grâce à la coopération entre producteurs et consommateurs.
  • Favoriser la coopération.  C’est un impératif de survie.

De la semence à l’assiette, nous voulons protéger et régénérer la nature, les moyens de subsistance des agriculteurs, la santé des populations et le bien-être social en tissant des liens entre producteurs et consommateurs.

Utilisons notre énergie collective pour œuvrer à la création d’un avenir alimentaire respectueux de la planète. Lorsque nous travaillons main dans la main, en harmonie, nous pouvons cultiver le paradis sur terre.

Laurence de Vestel – Mars 2023 – « Qui nourrit réellement l’humanité ? » – ©oltome2023

Avec ce livre « Qui nourrit réellement l’humanité ? », Vandana Shiva nous rappelle c’est avant tout la terre qui nous nourrit. Prendre soin de la Terre est vital et mieux nous la nourrissons, mieux nous mangerons. Ce livre nous invite à retrouver urgemment un minimum de bon sens à retrouver…

Vandana Shiva est née le 5 novembre 1952 à Dehradun en Inde. Docteur en physique et diplômée en philosophie, cette Indienne reconvertie dans l'éco-féminisme se bat depuis quarante ans sur tous les fronts. En 1996, cette icône de l’altermondialisme, a organisé une marche mondiale de 2.000.000 de personnes contre Monsanto.  Elle a gagné plusieurs grands procès, dont un énorme face à Coca-Cola. La revue Forbes l’a classée parmi les sept féministes les plus influentes dans le monde. Cette militante au sourire de velours et à la volonté de fer, surnommée « Rockstar des anti-OGM », et grande adepte de Gandhi, se bat en opposant une désobéissance civile non violente, en s’appuyant d’abord sur les femmes. Elle incarne la résistance des petits paysans pour la promotion de l’agriculture traditionnelle et biologique contre les lobbies agrochimiques, contre le brevetée du vivant et de la biopiraterie. Elle base son travail sur la pédagogie de l’exemple. Face à tous ces agriculteurs indiens poussés à la faillite par les grands semenciers, puis au suicide (près de 300.000 entre 1994 et 2012), elle a développé en 1996, l’association Navdanya pour la conservation de la biodiversité et la protection des droits des fermiers. Elle est à l’initiative de plus de 120 banques de graines : cette association collecte, récolte et reproduit des semences anciennes pour les redistribuer quasiment gratuitement (paiement en sac de graines) aux agriculteurs désireux de se former à l’agriculture biologique. Prix Nobel alternatif, Vandana Shiva est une femme à suivre. Elle a publié en 2013 chez Actes Sud "Pour une désobéissance créatrice"  et chez Babel en 2022 "Qui nourrit réellement l'humanité ?"
Elephant Oltome

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