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File dans ta chambre

Synthèse & résumé À propos du livre Biographie de l'auteur

Caroline Goldman est l’auteur de File dans ta chambre…

Un comité national d’experts de l’éducation et de la parentalité s’est récemment été créé autour de Boris Cyrulnik en vue de revenir à un bon sens éducatif intégrant des solutions non violentes qui permettront d’endiguer les difficultés dans lesquelles les enfants, parents, acteurs de la petite enfance et enseignants se voient aujourd’hui plongés à cause de cette « éducation positive » mal traduite qui a pris en France des airs de dogme contre informatif.

Pour Freud, le but principal de l’éducation est d’apprendre à l’enfant à maîtriser ses instincts. « Un enfant est par essence déviant, puisqu’il apprend progressivement la réalité, ses limites entre des désirs tout-puissants et le principe de réalité. »  Mai 68 a impulsé un certain relâchement dans les exigences éducatives, ainsi que l’attachement culturel grandissant de notre époque à la notion de liberté. 

Selon Caroline Goldman, les consultations en psychologie de l’enfant suivent en toute logique l’air du temps. Les soignants reconnaissent deux changements récents majeurs : 

1. La multiplication des troubles de comportement chez les enfants. 

2. L’émergence de profils familiaux tout à fait nouveaux : arrivent des enfants en pleine santé avec des parents présents, sains, équilibrés et chaleureux. Ces enfants ont été choyés jusqu’à la démesure, en manque de rien, tout en trop. 

Ces enfants émancipés d’une éducation « répressive » ont basculé dans un manque préoccupant de limites qu’ils appellent par leurs symptômes.  De nombreux parents se sentent perdus face aux poussées pulsionnelles agressives de leurs enfants tant pour les identifier que pour les endiguer.  Face à ces troubles de comportement, ont germé de nouvelles maladies imaginaires telles que le HPI (haut potentiel intellectuel), l’hypersensibilité, des TDAH (trouble de l’attention avec l’hyperactivité), et TSA (trouble du spectre de l’autisme).  

File dans ta chambre, de Caroline Goldman, rappellera les vertus de la mise en place de limites dans la construction psychique d’un enfant à partir de l’âge d’un an et délivra une méthode éducative qui aidera cet enfant à intégrer l’apprentissage de la frustration sereinement, et en douceur pour passer à d’autres chantiers de construction plus confortables et plus passionnants.

I. L’ENFANT QUI VA BIEN APPELLE LES LIMITES

1. Les excitations normales de l’enfance

Les stades du développement psychologique de l’enfant

  • Entre 0 et 1 an, le bébé construit son socle identitaire, son ancrage dans la réalité. Pour cela, il a besoin d’une présence adulte disponible, d’amour, de réconfort, de repères et de constance dans son rythme quotidien
  • Entre 1 et 5 ans, grâce à ces premières nourritures affectives, il accède à la sécurité affective et construit un bon narcissisme.  Il doit intégrer les limites.
  • Entre 5 et 7 ans, l’enfant est disponible affectivement pour aimer d’une nouvelle façon.  Avec le complexe d’Œdipe, il rivalise avec le parent du même sexe avec une charge d’érotisation vers le parent du sexe opposé (séduction)

Les formes d’excitation 

L’excitation désigne un état de suractivité psychique qui associe exaltation, hyper expressivité émotionnelle, incontinence verbale et agitation motrice.  Certains comportements ne relèvent pas d’une problématique limite mais cachent une détresse affective sollicitant désespérément l’attention parentale, ou révèlent des angoisses très anciennes relevant de la psychose.  Dans ce livre, on traite d’une excitation liée à un manque de limites éducatives qui peuvent apparaitre à partir de 10 mois et sans limite d’âge.

2. Les symptômes de l’enfant qui cherche des limites

Les repas, le sommeil, la propreté

Au sujet des troubles du sommeil, du refus de manger ou de manque de propreté, il ne convient pas de créer de tension.  Ces phases sont en cours d’acquisition ou de régulation.  

Mettre en place des repas sereins avec les jeunes enfants

Les premières transgressions normales de l’enfance émergent vers l’âge d’un an autour du repas.  L’enfant jette au sol de sa chaise haute les éléments qui sont à sa portée. Il prend plaisir à explorer l’étendue de son pouvoir sur les éléments et sur l’adulte qu’il voit ramasser inlassablement ce qu’il a jeté. Le parent doit le prévenir qu’il n’en a pas le droit et que s’il continue, il sera sanctionné « file dans ta chambre » où il le laissera pleurer derrière la porte pendant quelques minutes. Le parent devra s’y tenir à chaque fois que l’enfant recommencera. Peu à peu ce réflexe va disparaître et l’enfant va tirer un vif profit à être valorisé pour ses progrès.

Le dîner du soir restera un rendez-vous éducatif crucial pour l’enfant : c’est en apprenant au cours du repas à rester assis, à dire bon appétit, s’il te plaît, merci, à ne pas prendre tout l’espace vocal, respecter le temps de parole de l’autre, et en écoutant la façon dont ses parents se parlent, que l’enfant apprendra la bienséance pour la vie collective.

A propos des repas sains pour sa santé, si l’enfant refuse de manger, il est nécessaire de ne pas lui en proposer un autre, de ne jamais le forcer à manger, de lui expliquer que s’il ne goute pas au moins quelques cuillères de son assiette, son repas s’arrêtera là et il n’aura pas droit à la suite. Ses règles l’amèneront à s’habituer à des plats bons pour sa santé. La présence du second parent (ou tiers substitutif) est très importante lors du dîner.  Ce temps constituera celui par lequel ses conflits psychiques s’élaborent : l’attachement, la recherche de limites, la construction de l’estime de soi, le complexe d’Œdipe…

La sensibilité au changement de cadre

Les enfants mal limités se révèlent bien souvent irrévérencieux face aux adultes qu’ils ne saluent pas. On remarque systématiquement que leurs parents ne les y obligent pas, s’infligeant parfois même de les excuser, au lieu de les sommer de se comporter autrement.

L’action au détriment du lien 

Certains enfants n’affichent aucun élan de séduction sociale vis-à-vis de leurs interlocuteurs dont ils n’ont nul besoin. Leurs désirs ont été comblé par leurs parents qui ne leur ont jamais demandé d’effectuer cet effort de séduction social consistant à se frayer un chemin jusqu’à l’autre pour le conquérir.  Ils n’en attendent rien, puisqu’ils ont déjà tout.

L’intolérance à l’impuissance

Les enfants mal limités ne sont pas intimidés par l’adulte qu’ils envisagent comme un égal. Ils disent ce qu’ils pensent sans fard, s’expriment de façon autoritaire, péremptoire, sans crains de représailles. Ils suscitent bien souvent chez leurs interlocuteurs irritation et agacement, ce qui les isole. Cette quête de puissance rend insupportable la confrontation à leur impuissance réelle.

Le maintien dans la bisexualité psychique

Dès l’âge de 2 ou 3 ans, l’enfant prend conscience qu’il est un petit garçon ou une petite fille. Il est naturellement inscrit par les adultes qui l’entourent dans le destin et les identifications qu’ils associent à ce sexe. Ce travail impose à l’enfant de renoncer à son ancienne illusion d’être « tout », càd à la fois masculin et féminin. La non-conformité de genre revendiqué grandissant des jeunes aujourd’hui s’inscrit bien souvent dans une revendication inconsciente d’être tout. 

Un sentiment d’insécurité

L’articulation entre un manque de limites et insécurité aboutit aisément à cette logique : « si personne n’est plus fort que moi, qui me protège ? »

Hypersensibilité

Des parents sont convaincus que pour aller mieux, leurs enfants doivent être encore plus ou encore mieux écoutés qu’ils ne le sont déjà, les confient à un psychologue : « il a besoin d’être entendu par quelqu’un d’extérieur », dans le relais de la place bien trop complaisante qu’ils ont déjà prise auprès de lui.

Mutisme social, toc, tique, exigence… Plaquettes de frein

Les enfants mal limités craignent constamment de déborder alors que certains autres inventent diverses façons de se freiner et se retrouvent dans un conflit pulsionnel que l’enfant est obligé de prendre en charge : à la fois sa pulsion débordante et son interdit. Pour se freiner, certains enfants : 

  • Anticipent tout rejet en s’excluant d’office
  • S’entourent de remparts tyranniques arbitraires (rigidités, contrôle, maîtrise, rituels…) pour remplacer les manques de limites parentales 
  • Développent des tics, du bégaiement, des tensions corporelles qui portent en elles-mêmes la poussée agressive et sa retenue forcée

Ces enfants, au fur et à mesure du renforcement de l’autorité parentale, ne craignent plus de déborder et avanceront plus sereinement vers les autres. 

3. Ne pas offrir de limites à l’enfant.  Quelles conséquences ?

Sur la construction affective 

L’estime de soi : l’enfant transgressif est quotidiennement raillé.  Son entourage bien souvent ne peut plus le supporter et refuse de le garder

Son bonheur : le rejet de l’environnement génère souvent un manque affectif.  Le lien familial se desserre peu à peu. Les parents en arrivent à fuir leur enfant et à se désintéresser de lui.

Liens avec les autres : l’apprentissage de la frustration l’épargnera de butter éternellement contre l’insatisfaction inhérente à toutes relations humaines.

Sur l’intelligence 

Parmi les diagnostics chers à notre époque figurent les mythes de HQI, TDAH, hypersensibilité, autisme… Il est très important de bien distinguer ces syndromes d’un manque de limites éducatives, pouvant effectivement causer des difficultés de positionnement socio-relationnel ou des désirs harcelants. Une fois la problématique « limite » précisée, il sera plus pertinent de guider les parents vers une meilleure contention de l’excitation de l’enfant. 

Les écueils de l’éducation positive

La confusion entre contenant et contenu

Il existe deux grands registres de propositions relationnelles pour structurer psychologiquement un enfant et le mener vers l’épanouissement. 

  1. Le contenu psychique de l’enfant qui émerge dès les premières secondes de sa vie du bébé.  Ce contenu est générateur de toutes les pulsions de vie et de toutes les émotions qui coloreront sa traversée du monde. 
  2. Le contenant est chargé d’offrir un format socialement adéquat au contenu. Il s’agit de la construction de limites, de l’apprentissage de la frustration qui sécuriseront l’enfant et une grande partie de son charme social pour que ses qualités (contenu) trouvent une voie pérenne d’exploitation de leur potentiel. 

Le déni de l’agressivité

L’éducation positive commet une grave erreur en niant la distinction entre contenant et contenu. Elle interprète l’appel de limite de l’enfant exactement comme elle accueillerait un appel de réconfort et de tendresse. Ce qui laisserait entendre que la pulsionnalité des enfants resterait pour toujours celle d’un bébé n’inspirant qu’aux câlins.  La seconde erreur de l’éducation positive est de refuser toute idée de sanctions, sans distinction entre un coup de bâton et un simple regard parental désapprobateur faisant sens pour l’enfant. Ainsi, l’éducation positive nie doublement l’existence de l’agressivité.

Claude Halmos : « Ces parents fantasment l’idée d’une enfance merveilleuse, qu’ils auraient voulu avoir. L’éducation ne sert pas juste à faire une belle enfance mais à préparer à la vie future.  Un enfant a besoin d’un cadre pour être épanoui. Il n’y a rien de malveillant. Les parents doivent reprendre confiance en eux en ayant à l’esprit un principe fort : un enfant qui est aimé le sait profondément. Il ne confond jamais un parent maltraitant avec un parent de mauvaise humeur. »

L’indistinction de génération

L’éducation positive nie l’asymétrie nécessaire dans le rapport parent/enfant, en faisant de l’enfant partenaire de l’éducation dont il est l’objet. Faisant appel prématurément à la responsabilité de soi-même dans la gestion de ses émotions, les parents dénient à l’enfant ce qui précisément le caractérise : son immaturité et sa dépendance à l’autre.  L’enfant doit pouvoir se reposer sur un adulte protecteur. « La libération des enfants demeure un fantasme d’adultes dont la réalisation conduit l’enfant au pire. Il ne s’agit pas de soumettre l’enfant à l’adulte mais de l’initier à la loi. L’éducation positive a fait le lit des enfants rois, rendu fous par le pouvoir qu’il leur a été donné et donc ils ne savent que faire puisqu’ils n’ont structurellement pas l’aptitude pour en faire usage. » (Coum)

Une idéologie aux applications floues

L’éducation positive était une façon d’envisager la parentalité autrement pour combattre les violences éducatives. Elle n’est pas très bavarde lorsqu’il s’agit de conseiller les parents sur le moyen de remplacer ces violences éducatives.

III. COMPRENDRE ET UTILISER LA FEUILLE DE ROUTE

Les désobéissances des enfants est bien souvent à mettre sur le compte d’une recherche de limites et non sur celui d’un profond mal-être. Dans ce contexte, l’enfant ne râle pas pour les raisons qu’il expose, mais pour être arrêté et contenu. Une réponse ferme le frustrera un très court temps et lui permettra ensuite de passer une excellente journée. 

Le ton de la sanction est important. Le parent doit apparaître ferme, calme, jamais décontenancé et en pleine possession de ses moyens. D’où la métaphore d’un parent girafe face à son enfant fourmi : ne pas être violent, ne pas proférer des menaces en l’air, ne pas blesser son narcissisme.

File dans ta chambre ! 

Exemples de transgression infantile à interdire progressivement après un an :

  • Parlez trop, trop fort, crier…
  • Geindre, râler pour rien
  • Ne pas obéir aux injonctions ou les faire traîner
  • Manquer de respect, refuser de dire bonjour ou merci…
  • Malmener la famille, insultes, ton inapproprié, mépris…
  • Sortir de table pendant le repas, refuser de manger le menu du soir
  • Jeter les petits pots ou de la nourriture du haut de sa chaise…

Lorsqu’il transgressera…

  • Entre 1 et 2 ans : lui expliquer calmement l’interdit en le regardant dans les yeux, en lui répétant pas plus de 3 fois l’interdiction et le prévenir que s’il recommence il sera puni. A plus de 2 ans, prévenir simplement : « Tu t’arrêtes ou tu vas dans ta chambre. Je compte jusqu’à trois… » S’il continue : l’exclure dans sa chambre, sans fermer la porte à clef, lui interdire d’en sortir avant que la punition ne soit finie. Aller le chercher au bout d’un temps proportionnel à la transgression.  Si l’enfant à plus de 4 ans, le laisser au moins une ½ heure.
  • Le fait de se retrouver systématiquement isolé dans sa chambre après avoir désobéi, conditionne à l’enfant à associer transgression–isolement.
  • S’il n’obéit pas lors de la mise en place de la punition, votre seul argument est un allongement de temps d’exclusion.
  • Ne prêtez aucune attention au fait qu’il affiche de la satisfaction aller dans sa chambre… Il est touché. Être exclu par choix personnel n’est pas du tout la même chose que d’être exclu par autrui.
  • La transgression de votre enfant doit avoir des conséquences sur lui, et non sur vous ! Ne lui donnez pas l’occasion de lui montrer que vous êtes atteint. 
  • L’enfant est le premier demandeur et bénéficiaire de cet enseignement. Il aspire à la paix et à l’amour partagé avec ses parents, à bien s’intégrer dans sa vie sociale. Il a l’intuition que ces limites lui sont nécessaires.
  • Utilisez la sanction différée (après le bain, en rentrant de la promenade…)
  • L’union des parents avec l’école est fondamentale pour renforcer les limites
  • Un front commun des parents doit être manifeste total face à l’enfant.
  • L’implication du père est très importante. Il doit incarner la loi et intimider.
  • Aucune négociation, discussion ou justification de l’interdit ne doivent lui être cédé.
  • Recommencez dès que l’enfant recommence.
  • Soyez très interventionniste face au conflit fraternel : écoute-moi bien, je vais te dire quelque chose de très important ici il y a des règles : personne ne se tape, ne s’embête ou ne se fait de la peine. Tout le monde se respecte. Ses lois ne changeront jamais. Tu seras gentil avec nous, et nous nous veillerons à ce que tout le monde soit gentil avec toi.

Laurence de Vestel – Résumé de « File dans ta chambre » février 2023 – ©oltome.com2023

File dans ta chambre ! Enfin un peu de bon sens ! … Un livre courageux qui va à l’encontre de l’éducation positive qui a fait le lit des enfants rois. Indispensable pour tous les parents soucieux d’offrir à leur enfant une méthode éducative sereine et douce mais ferme ! Une méthode structurant où les parents jouent pleinement leur rôle éducatif pour amener leur enfant vers une vie épanouissante et interessante.  Je recommande vivement ce livre même s’il aurait du être un peu mieux écrit…

Oltome - Caroline Goldman

Caroline Goldman est née à Paris en 1975. Elle est psychothérapeute , docteur en psychopathologie clinique et spécialisée dans la psychologie des enfants et adolescents.

Elle est la soeur du producteur Goldman, de la pédiatre Nina Goldman et la fille du chanteur Jean-Jacques Goldman et de la psychologue Catherine Morlet. Et la mère de 4 enfants.

Elle est connue pour ses positions contre l'éducation positive, source de troubles du comportement et pour être favorable au Time Out, qui consiste à mettre à l’écart l’enfant pour un temps limité, lorsqu'il ou elle transgresse les règles familiales ou se rend insupportable. Selon elle, cela permet de ne pas tomber dans « l’écueil des cris, des coups, de l'agressivité, de la violence, de la rancœur, des débats répétitifs qui prennent la place d’autres propositions relationnelles beaucoup plus fondamentales pour les enfants »

Elle anime un podcast sur la psychologie et l’éducation des enfants et adolescents, intitulé « Caroline Goldman - docteur en psychologie de l'enfant".

Elle est l'auteur de File dans ta chambre, qui rapelle les vertus de la mise en place de limites dans la construction psychique d’un enfant à partir de l’âge d’un an et qui délivre une méthode éducative pour aider cet enfant à intégrer l’apprentissage de la frustration sereinement, et en douceur pour passer à d’autres chantiers de construction plus confortables et plus passionnants.

Elephant Oltome

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