"Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut." Ciceron

Le cinquième rêve

Synthèse & résumé À propos du livre Biographie de l'auteur

Résumé du livre de Patrice van Eersel  » Le cinquième rêve »

Nous humains, sommes devenus des êtres coupés les uns des autres, que ce soit dans la joie, la danse, la souffrance. Nous sommes des mutilés incapables de vivre pleinement en liaison, tous absorbés par notre propre individualité. Qu’est-ce qui permettrait à l’humain de retrouver l’intuition chamanique qui l’amènerait à pouvoir vivre en liaison ?
Les cétacés sont les animaux qui vivent le plus en liaison. Ces animaux incroyablement intelligents, si puissants et si malmenés, n’ont jamais attaqué l’homme et ce même lorsque celui-ci vient pour le massacrer. Pourquoi ?
« Un peu d’écologie peut vous éloigner de l’homme, beaucoup d’écologie vous y ramène inéluctablement », nous rappelle Patrice van Eersel…

1. CONTACTS AVEC DES INTRATERRESTRES

L’approche morale avec Igor sauvé des eaux

Igor, un jeune russe part nager au milieu de la nuit dans la mer de Sibérie. A une dizaine de kilomètres, Igor est à bout de force dans cette eau froide… Il se sent comme aspiré par la mer, et a le temps d’appeler à l’aide intérieurement avant de s’évanouir. Le lendemain, il s’éveille sur une plage où deux dauphins l’ont déposé… C’est ainsi chaque année. Pourquoi des dauphins sauvent-ils des hommes de la noyade ?

L’approche artistique avec Jim Nollman

Pour Jim Nollman, la communication interespèces est l’axe de sa vie. Jim a d’abord appris à communiquer avec les loups prisonniers dans des camps au Nevada dont il parvient à entendre l’infinie et mortelle tristesse. Il part ensuite au Japon pour Greenpeace pour diffuser sous l’eau des sons capables de faire fuir les dauphins pour leur éviter de se faire tuer. Enfin, Jim part vivre au large du Canada au nord de Vancouver où il joue de la musique pour les orques qui lui répondent par des constructions musicales élaborées. La communication sous l’eau se fait beaucoup plus vite et plus facilement par le son que par la lumière. « Ilya Prigogine se demande quel type de sciences physiques nous aurions développées comme les dauphins si nous avions vécu sous l’eau ». C’est en se mettant au niveau de l’animal, sur son terrain, que l’homme peut apprendre de la nature, et non en se mettant hors d’elle ou restant étranger à elle.

L’approche scientifique avec John Lilly Cunningham

John Lilly est un brillant neurologue important à Miami. Les responsables du Marineland mettent à sa disposition 6 dauphins pour qu’il puisse étudier leurs grandes aires corticales. Les 5 premiers dauphins meurent immédiatement les uns après les autres à la suite d’une anesthésie qu’ils ne supportent pas et le sixième rend l’âme en éclatant de rire, du rire de l’assistante de Lilly. Aucun des dauphins n’a eu le moindre geste menaçant. Mystère qui n’échappe pas à Lilly.   Difficile pour un humain de comprendre ces cétacés si « intelligents » mais non-manipulateurs, qui ne s’ennuient jamais et passent la plus grande partie de leur temps à jouer ou à faire l’amour.
Sous l’eau, c’est tout le corps du dauphin qui entend. Les dauphins reconnaissent à distance la nature d’une matière, sa texture, son grain. De véritables machines à radiographier, les dauphins se connaissent de l’intérieur.
Lilly, très attristé par le désastre du Marineland, est fasciné par la fantastique capacité relationnelle des dauphins. Dans sa villa de science-fiction, il fait construire un bassin où Lilly se met en tête d’apprendre aux dauphins à parler l’anglais… mais sans se mouiller ! L’entêtement de Lilly « le scientifique » à vouloir objectiver le monde ne l’amène évidemment à rien.
John Lilly, parallèlement, a inventé le caisson à isolation sensorielle pour effectuer des « voyages intérieurs ». A force de milliers d’heures passées dans son caisson, John Lilly est forcé d’admettre qu’il se connaît fort peu lui-même et se rend compte que toute communication avec une autre espèce doit forcément se passer par la communion de 2 esprits. Grand choc dans la vie du chercheur, 5 de ses 8 dauphins se suicident. Il relâche les 3 autres et les libère au large. Sa femme le quitte et il est obligé de renoncer au LSD que le gouvernement l’avait autorisé à prendre dans le cadre de ses expériences.
John Lilly est chômeur et célibataire. Il part s’installer à San Francisco et lance un atelier « Je suis un dauphin ». Il rencontre un maître chilien, Oscar Ichazo, qui le retape en 6 mois. Lilly se remarie avec l’ex-femme d’Alan Watts, avec laquelle il connaît ce qu’il appelle la « dyade »…. et retombe dans son obsession des dauphins.  Mais cette fois, Lilly a compris qu’il lui fallait cesser d’imposer son langage pour échanger avec les dauphins. Il utilise la musique comme moyen de communication et là… la chose arrive ! Lilly a 70 ans et au bout d’une vie de recherche « rationnelle »,       alors qu’il est en méditation profonde dans son caisson, Lilly est sondé par un de ses dauphins, il a été « regardé » par un de ses dauphins. « La science quand il est question de l’essence des êtres et de leurs relations, aboutit au mieux là où l’art vous a transporté d’un trait ! ».
Le magnifique récit indien qui donna à Patrice van Eersel l’envie d’écrire ce livre.
Au début, le Grand Esprit dormait dans le rien.
Son sommeil durait depuis l’éternité. Et puis soudain, nul ne sait pourquoi, dans la nuit, il fit un rêve. En lui gonfla un immense désir… Et il rêva la lumière. Ce fut le premier rêve. La toute première route.
Loooongtemps, la lumière chercha son accomplissement, son extase. Quand finalement, elle trouva, elle vit que c’était la transparence.
Et la transparence régna.
Mais voilà qu’à son tour, ayant exploré tous les jeux de couleurs qu’elle pouvait imaginer, la transparence s’emplit du désir d’autre chose. A son tour elle fit un rêve. Elle qui était si légère, elle rêva d’être lourde. Alors apparut le caillou. Et ce fut le deuxième rêve. La deuxième route.
Loooogtemps, le caillou chercha son extase, son accomplissement. Quand finalement il trouva, il vit que c’était le cristal.
Et le cristal régna.
Mais à son tour, ayant exploré tous les jeux lumineux de ses aiguilles de verre, le cristal s’emplit du désir d’autre chose, qui le dépasserait. A son tour il se mit à rêver. Lui qui était si solennel, si droit , si dur, il rêva de tendresse, de souplesse, et de fragilité. Alors apparut la fleur. Et ce fut le troisième rêve, la troisième route.
Loooongtemps, la fleur, ce sexe de parfum, chercha son accomplissement, son extase. Quand enfin elle trouva, elle vit que c’était l’arbre.
Et l’arbre régna sur le monde.
Mais vous connaissez les arbres. On ne trouve pas plus rêveurs qu’eux. L’arbre, à son tour, fit un rêve. Lui qui était si ancré à la terre, il rêva de la parcourir librement, follement, de vagabonder au travers d’elle. Alors apparut le ver de terre. Et ce fut le quatrième rêve. La quatrième route.
Loooongtemps, le ver de terre chercha son accomplissement, son extase. Dans sa quête, il prit tour à tour la forme du porc-épic, de l’aigle, du puma, du serpent à sonnette. Longtemps, il tâtonna. Et puis un beau jour, dans une immense éclaboussure, au beau milieu de l’océan, un être très étrange surgit, en qui toutes les bêtes de la terre trouvèrent leur accomplissement, et ils virent que c’était la baleine ! Longtemps cette montagne de musique régna sur le monde. Et tout aurait peut-être dû en rester là, car c’était très beau. Seulement voilà…
Après avoir chanté pendant des lunes et des lunes, la baleine, à son tour, ne put s’empêcher de s’emplir d’un désir fou. Elle qui vivait fondue dans le monde, elle rêva de s’en détacher. Alors… » s’écria l’indien d’une voix de stentor.
Alors, brusquement nous sommes apparus, nous les hommes.
Car nous sommes le cinquième rêve, la cinquième route en marche vers le cinquième accomplissement, la cinquième extase.
Si nous voulons trouver notre propre accomplissement, notre propre extase, et passer à la suite du jeu, il nous faut écouter et respecter, comprendre la lumière, le cristal, l’arbre et la baleine.
Faites attention ! Car voyez-vous :
Dans la moindre couleur, toute la lumière est enfuie.
Dans tout caillou du bord du chemin, il y a un cristal qui dort.
Dans le plus petit brin d’herbe, sommeille un baobab.
Et dans tout ver de terre, se cache une baleine.
Quant à nous, nous sommes le rêve de l’animal ! Et ce rêve est encore inaccompli. Que se passerait-il si nous éliminions la dernière baleine qui est en train de nous rêver ?

II. QUATRE LECONS DELPHINIENNES

1. Manger ou le dialogue avec un jeune boucher américain

Notre rapport à l’animal s’est dégradé à un point où il semble impossible de le rééduquer. Tout au fond de nous, nous devinons que quelque chose cloche. Le poète Gary Snyder écrit : « Les peuples qui vivent entièrement de la chasse savent que prendre la vie est un acte qui exige un esprit de gratitude et une rigoureuse attention. Ils disent que toute notre nourriture est faite d’âmes ». Avec la naissance de la viande industrielle, l’horreur a franchi un cap. Nous sommes ce que nous mangeons ! Quelle bête monstrueuse a soudain surgi au début du siècle au beau milieu de la plus avancée des civilisations ? Notre anima. Notre anima qui fait un cauchemar, notre anima ligotée au fond de l’homme…

2. Paul Song découvre la conspiration

Paul Song fut licencié de l’aquarium de Vancouver pour avoir milité pour la libération d’une orque lorsqu’il s’est rendu compte que c’était l’orque qui cherchait à l’apprivoiser et non l’inverse. Paul Song s’est installé en Colombie-Britannique sur la côte sauvage avec comme obsession : sauver les baleines. « Quand vous passez votre vie avec des baleines libres, à égalité, vous finissez par ressentir l’immensité du drame des êtres humains modernes : ils n’arrêtent pas de scruter le cosmos à la recherche d’on ne sait quelle autre forme d’intelligence, et ne découvrent l’existence de l’intelligence fantastique des baleines intraterrestres qu’au moment où ils ont quasiment fini de les massacrer ». Paul Song observe que les baleines qui se déplacent en groupe respirent de manière complètement synchronisée. Comme tous les cétacés, elles con-spirent et sont en résonnance ou en phase avec la respiration du monde entier. C’est une co-respiration dansée que l’homme a complètement oubliée pour gagner en liberté individuelle.

3. Accoucher : les mutants de la mer Noire

Perdu au milieu de nulle part en Russie, se trouve un « camp » entièrement organisé autour des femmes enceintes pour accoucher en présence des dauphins. C’est Igor Tcharkovsky, le fameux Igor sauvé par deux dauphins au début du livre qui est à l’origine de ce projet. Igor a une sorte de 6ième sens qui lui permet de « guérir ». A 8 ans, il a sauvé un bébé chat en lui donnant un bain chaud. Plus tard, il sauve sa propre fille née prématurément en l’immergeant dans une baignoire d’eau chaude où elle va connaître spontanément le réflexe de l’apnée. D’après Igor, nous aurions tous toutes sortes de capacités extrasensorielles qui ont disparue au fil du temps… des capacités extrasensorielles que possèdent encore les cétacés.
Chez les dauphins, lorsqu’un petit naît, une « autre » dauphine « sage-femme » aide le petit qui vient de naître à remonter à la surface pour prendre sa première goulée d’air. La mère prend le relais pour apprendre à son nouveau-né à respirer à l’unisson avec le groupe. Une femme enceinte en méditation attire le dauphin. Celui-ci est comme une machine à échographier et voit le foetus à l’intérieur du ventre de sa mère et en ressent des émotions qu’il communique et à la mère et au fœtus. Un triangle magique permettant de faire disparaître toute barrière émotionnelle. Un enfant qui naît meurt au monde des fœtus. Le dauphin agirait comme un guide qui fait disparaître la peur de mourir qu’éprouve le fœtus pour permettre un passage sans traumatisme. Les bébés de l’eau, nés ainsi en présence de dauphins, deviennent des enfants capables de faire des kilomètres à la nage bien plus tôt que les autres, avec un sens de l’équilibre et de souplesse extraordinaires, et avec un grand goût pour la liberté.

4. Evoluer… dans le calme du Grand Bleu

Jacques Mayol, « l’homme-dauphin », avait prouvé que l’humain possédait au fond de ses cellules des capacités de mammifère marin. Il voulait grâce à des techniques précises réveiller ces capacités et autres potentialités enfouies au fond de l’homme. C’est lui qui a ouvert la « voie orientale » de la plongée en apnée à grande profondeur. « Lorsque je plonge, je suis en état d’amour de l’eau. » Pour celui qui sait se fondre en elle, l’eau calme et immensément. Jacques Mayol est devenu le plongeur le plus profond grâce à une femelle dauphin dont il était tombé gravement amoureux car elle lui avait appris à sourire « intérieurement ». Les expériences de Jacques Mayol ont mis en lumière deux particularités que l’être humain possède qui sont celles d’un mammifère marin : la bradycardie c.à.d. le ralentissement du cœur et le bloodshift, sorte d’érection pulmonaire qui sert à combattre la pression. Un sorte de second souffle qui permet de libérer l’oxygène stocké au fond des cellules pour secourir le cœur et le cerveau fatigués… Jacques Mayol croit à l’avenir aquatique de l’homme car n’oublions pas qu’un homme ça évolue scientifiquement !

III. LE VERTIGE SOLAIRE

1. Comment la science explique l’évolution

Charles Darwin disait que le concours du hasard et de la nécessité avait pour effet de sélectionner les êtres vivants les plus adaptés, ceux qui assureront la survie. Toutes les espèces sont liées les unes aux autres dans le seul fleuve de la vie. Nous, humains, sommes entre le microcosme et le macrocosme le résultat de milliards d’années de symbioses accumulées.   Notre corps détient toute l’histoire de la terre. Selon Ilya Prigogine, l’ordre jaillit spontanément du désordre. « Loin de l’équilibre, le non-équilibre devient source d’organisation ! ». Le réel est radicalement imprévisible. Le monde ne cesse de s’auto-organiser spontanément à des niveaux toujours plus complexes. Mais vers où se dirige l’homme ?

2. Le jeu coévolutionnaire et la Biosphère 2

En Arizona, des écologistes financés par un milliardaire texan, ont décidé de créer une première biosphère artificielle, une sorte d’Arche de Noé. Cette mini-planète vivante devait contenir huit humains censés vivre deux ans en autarcie complète avec suffisamment d’air, d’eau et de nourriture entièrement produits et recyclés par le système. Sur cette mini-planète se trouvent 7 biomes : 2 civilisés (jardin et quartier d’habitation) et 5 sauvages (désert maritime, jungle, savane, océan, marécage) avec reproduction de vent, pluie, marée, odeur… L’expérience a commencé en 1991 après 7 ans de travaux avec l’espoir de créer un outil qui permettra de survivre dans l’espace. Ces géniaux bionautes sont pourtant concurrencés par des généticiens qui agissent plus discrètement pour créer des réseaux de télécommunications qui se tissent autour de la terre pour créer un gigantesque cerveau planétaire dont chacun de nous ne sera bientôt qu’un neurone. L’homme ne serait-il qu’un maillon entre l’animal et la machine ?

3. La maya s’appelle désormais « réalité virtuelle »

Nous nous prolongeons tellement de plus en plus à l’extérieur de nous-mêmes que l’idée hindoue de « maya » selon laquelle le monde est une illusion prend tout son sens. Nous nous retrouvons dans une sorte de rêve collectif où tout sera possible. Selon un universitaire de Toronto, la VR est un moment clé de notre civilisation car elle va nous faire franchir un troisième seuil d’accélération dans l’évolution. Le premier accélérateur fut l’écriture : je vois a-r-b-r-e et une image s’impose dans ma tête, un arbre virtuel. Le deuxième accélérateur fut l’électricité : grâce à elle nous sommes reliés au monde entier ce qui nous a fait perdre notre capacité de développer des points de vue. Et le troisième accélérateur : la VR fait que nous n’avons plus besoin de bouger, c’est le monde qui bouge autour de nous. Serions-nous, nous humains, une réalité virtuelle créée par quelque intelligence delphinienne ? De quel rêveur sommes-nous la réalité virtuelle ? L’avenir de l’homme est-il une image en 3D ?

4. Le blues de l’apprenti sorcier

La nouvelle science est un inexorable processus vers la destruction où des îlots d’ordre se structurent à partir de leur environnement que l’humanité dégrade. Mais des îlots d’ordre peuvent s’organiser à contre-pente de cette tendance et former un processus de renversement de l’efficacité sélective au cours de l’évolution biologique. C’est ce qui pousserait une louve à allaiter le petit d’une autre espèce, un dauphin à sauver un humain blessé ou en danger… comme si la nature de l’intérieur se refusait à n’être qu’une force brute et inflexible. Simone Weil disait : « Il faut savoir changer de camp comme la justice, cette fugitive du camp des vainqueurs ». A qui donner son énergie ? L’écologie n’est éthique qu’en faisant attention aux démunis, aux laissés pour compte et en refusant de s’intégrer sans broncher à un énorme cerveau global.

5. André Malraux

Selon Malraux, l’histoire n’est pas continue et ordonnée. « Pour l’histoire continue, l’Egypte est l’enfance de l’humanité. Pour l’histoire discontinue, l’Egypte est une humanité révolue ». L’intemporel est en nous. Et toutes les civilisations ont confié aux religions le soin de mettre en question le temps. Par un formidable transfert collectif, les hommes ont confié l’intemporel aux Dieux.   Nous sommes à la recherche d’un « englobant » qui les contient tous. Le 5ième rêve s’accomplit hors du temps, nous sommes les rêves de nos ancêtres mythiques qui vivent dans l’espace rêve où c’est eux la réalité fondamentale.

IV. QUATRE LECONS HUMAINES

1. La roue rythmique : le plus beau cadeau de l’Afrique au monde

Au Nigéria, à Lagos, Patrice van Eersel découvre Fela, propriétaire d’un night club où se joue une étrange structure musicale qui s’empare de vous. Patrice van Eersel ressent comme un énorme caillot de racisme ignoré qui lui bloquait le cœur et qui en s’échappant lui a permis de « voir » pour la première fois les nuances les plus subtiles de la physionomie humaine. « Music is the weapon of the futur » explique Fela. Il rencontre Ray, un Zairois, parti s’initier à cette incroyable musique qui « tourne » dans des villages en plein cœur de la forêt. Chaque village a son rythme tel une implacable mathématique des sensations dans laquelle chacun est qui il est, chacun a sa place, personne ne bouscule personne. La « roue rythmique » module la vie du village et gouverne la vie de ses habitants. Ce plus beau cadeau du monde de l’Afrique, Ray veut l’offrir à l’Occident. Mais les Occidentaux n’habitent plus complètement leurs corps, cette caisse de résonnance sublime logée au fond de leur ventre, où se loge leur « je ». De la même manière, nos ancêtres savaient conspirer, ils savaient entrer dans la « roue  rythmique ».

2. La fleur de l’individualisme chinois : les sculptures de l’âme

Si les élèves asiatiques en Occident sont les plus forts, les plus disciplinés, les plus travailleurs, les plus respectueux, les plus modestes, ils ne possèdent pas d’audace, de liberté créatrice. Depuis la nuit des temps, la religion chinoise basée sur le Confucianisme, est fondée sur un système assidu d’apprentissage dans lequel tout lettré lauréat de concours a une chance d’accéder aux plus hautes fonctions de l’Empire. Un Chinois qui a envie de s’exprimer artistiquement semble contraint de rompre avec quelque chose d’archi-ancien en lui. Lorsqu’il y arrive, il semble avoir acquis une magnifique intériorisation.     Leur divinité est intérieure. Asiatiques et Occidentaux auraient beaucoup à apprendre l’un de l’autre pour un réarmement intérieur de leur individu et l’expression de leur liberté. Tel un dauphin nageant avec une joyeuse insolence, sans effort, et en riant devant un bateau de course…

3. L’irruption japonaise : le corps retrouvé

Maître Aoki, instructeur de Shintaïdo, « nouvelle voie du corps » est imbattable. Il explique que l’adversaire n’est pas vu comme un ennemi mais comme un partenaire. S’il le « tue » c’est pour le bien de son évolution. Maître Aoki est un ouvreur de voie qui veut faire profiter de cet art les Occidentaux pour guérir l’homme moderne dont la force n’est pas le corps, le cerveau ou le cœur mais le « hara » situé dans le ventre. Toutes les figures et toutes les parties du corps sont offertes à l’infini, ce qui donne une force et une générosité considérables à celui qui pratique. C’est une façon de rentrer profondément dans la roue rythmique africaine. Le Shintaïdo est un fulgurant cadeau du Japon au monde…

4. Mohammed, le prophète féministe

Mohammed, habitait la Mecque et était marié à Khadija, de 20 ans son aînée. C’est chez elle qu’il courut se réfugier lorsqu’il reçut ses prophéties en se croyant fou. C’est grâce à Kadhija, qui y mettra toute son énergie, que Mohammed assumera son incroyable destin. Mohammed a connu 20 ans de fidélité monogame auprès de Kadhija et lorsque celle-ci mourut, il aura 9 épouses.   Jamais il les bat, elle peuvent se promener librement. Les disciples sont blêmes et fous de rage car Mohammed, selon eux, montre le mauvais exemple. En fin de vie, Mohammed, pour protéger ses femmes violemment sifflées par les hommes de Médine, se soumettra quelque peu à son temps. Au lendemain de sa mort, son projet éclate en deux camps ennemis : Sunnites et Chiites. Il s’agit de corriger l’incompréhensible féminisme de Mohammed (domaine le plus systématique corrigé dans le Coran et la Souna pour que les femmes soient toujours plus soumises aux hommes). Le premier clan, suivi par Fatima, la fille aînée de Mohammed, et qui touche la majorité, à savoir, les sunnites, donnera une flambée de civilisation qui durera plus de mille ans. Le deuxième clan, minoritaire, les Chiites, est mené par Ali, le successeur désigné de Mohammed, qui respecte la Sunna, la tradition et qui est rejoint par Aicha, la bien-aimée de Mohammed. C’est du dépassement de cette cloison que dépend l’avenir des sociétés musulmanes et ce dépassement est en cours avec l’expression des femmes musulmanes…

EPILOGUE

Nous sommes le rêve du dauphin. Nous seuls avons reçu la parole et le sourire. Gitta Mallasz auteur de « Dialogues avec l’ange nous dit : « Il faut savoir que chaque sourire humain mine les projets de la guerre. Que chaque pensée constructive diminue l’impact des forces destructrices. Que chaque désir de paix atténue le feu des combats. Mais aussi que chaque émotion négative ouvre au contraire la porte à la destruction. Nous qui vivons aujourd’hui n’assistons certainement pas par hasard à toutes ces guerres : chacun de nous est le guerrier responsable de la grande balance historique. »   Nous seuls avons la possibilité incroyable de nous créer consciemment nous-mêmes. Une gigantesque responsabilité. « Dans l’accomplissement du cinquième rêve, l’homme est un être si grand que l’ange lui-même ne saurait le concevoir. L’homme est tout l’univers et sa règle l’éternellement nouveau. L’animal puis l’ange m’ont donné l’éblouissante clé. La suite ne peut être qu’un chantier… » conclut Patrice van Eersel.

Laurence de Vestel – Septembre 2010 – © Oltome.com

Si vous aimez les océans, comme moi, vous aimerez très probablement :
« Urgence ! Si l’océan meurt nous mourrons » de Paul Watson (2015)
« Capitaine Paul Watson, entretien avec un pirate » biographie de Paul Watson par Lamya Essemlali  (2012)
« Earthforce » de Paul Watson (2015)
« Ceci n’est pas un dauphin » d’Yvan Beck (2017)

« Le cinquième rêve » de Patrice van Eersel, une passionnante enquête journalistique sur les mystères de la capacité à vivre en liaison des cétacés.  Ces animaux fascinants ont un langage propre et une conscience.  Qu’auraient-ils à nous dire si nous parlions le même langage ? Magnifique message.  Au travers de témoignages et d’histoires d’interactions entre l’homme et les cétacés, nous réalisons qu’il existe tout un univers insoupçonné dont nous aurions bien à apprendre.   Un livre original et passionnant !
Au début, le Grand Esprit dormait dans le rien.
Son sommeil durait depuis l’éternité. Et puis soudain, nul ne sait pourquoi, dans la nuit, il fit un rêve. En lui gonfla un immense désir… Et il rêva la lumière. Ce fut le premier rêve. La toute première route.
Loooongtemps, la lumière chercha son accomplissement, son extase. Quand finalement, elle trouva, elle vit que c’était la transparence.
Et la transparence régna.
Mais voilà qu’à son tour, ayant exploré tous les jeux de couleurs qu’elle pouvait imaginer, la transparence s’emplit du désir d’autre chose. A son tour elle fit un rêve. Elle qui était si légère, elle rêva d’être lourde. Alors apparut le caillou. Et ce fut le deuxième rêve. La deuxième route.
Loooogtemps, le caillou chercha son extase, son accomplissement. Quand finalement il trouva, il vit que c’était le cristal.
Et le cristal régna.
Mais à son tour, ayant exploré tous les jeux lumineux de ses aiguilles de verre, le cristal s’emplit du désir d’autre chose, qui le dépasserait. A son tour il se mit à rêver. Lui qui était si solennel, si droit , si dur, il rêva de tendresse, de souplesse, et de fragilité. Alors apparut la fleur. Et ce fut le troisième rêve, la troisième route.
Loooongtemps, la fleur, ce sexe de parfum, chercha son accomplissement, son extase. Quand enfin elle trouva, elle vit que c’était l’arbre.
Et l’arbre régna sur le monde.
Mais vous connaissez les arbres. On ne trouve pas plus rêveurs qu’eux. L’arbre, à son tour, fit un rêve. Lui qui était si ancré à la terre, il rêva de la parcourir librement, follement, de vagabonder au travers d’elle. Alors apparut le ver de terre. Et ce fut le quatrième rêve. La quatrième route.
Loooongtemps, le ver de terre chercha son accomplissement, son extase. Dans sa quête, il prit tour à tour la forme du porc-épic, de l’aigle, du puma, du serpent à sonnette. Longtemps, il tâtonna. Et puis un beau jour, dans une immense éclaboussure, au beau milieu de l’océan, un être très étrange surgit, en qui toutes les bêtes de la terre trouvèrent leur accomplissement, et ils virent que c’était la baleine ! Longtemps cette montagne de musique régna sur le monde. Et tout aurait peut-être dû en rester là, car c’était très beau. Seulement voilà…
Après avoir chanté pendant des lunes et des lunes, la baleine, à son tour, ne put s’empêcher de s’emplir d’un désir fou. Elle qui vivait fondue dans le monde, elle rêva de s’en détacher. Alors… » s’écria l’indien d’une voix de stentor.
Alors, brusquement nous sommes apparus, nous les hommes.
Car nous sommes le cinquième rêve, la cinquième route en marche vers le cinquième accomplissement, la cinquième extase.
Si nous voulons trouver notre propre accomplissement, notre propre extase, et passer à la suite du jeu, il nous faut écouter et respecter, comprendre la lumière, le cristal, l’arbre et la baleine.
Faites attention ! Car voyez-vous :
Dans la moindre couleur, toute la lumière est enfuie.
Dans tout caillou du bord du chemin, il y a un cristal qui dort.
Dans le plus petit brin d’herbe, sommeille un baobab.
Et dans tout ver de terre, se cache une baleine.
Quant à nous, nous sommes le rêve de l’animal ! Et ce rêve est encore inaccompli. Que se passerait-il si nous éliminions la dernière baleine qui est en train de nous rêver ?

Patrice van Eersel est écrivain, journaliste et éditeur français.  Il est né au Maroc en janvier 1949 où il a vécu jusqu'à ses 17 ans.  Diplômé de L'institut d'Etudes politiques de Paris et du Centre de formation des journalistes de Paris, il a a participé au lancement de Libération.  Explorateur passionné par les mystères de l’expérience humaine, il a été grand reporter et chroniqueur scientifique du magazine Actuel avant de devenir rédacteur en chef du magazine Nouvelles Clés.  Directeur de collection chez Albin Michel, il a rédigé une dizaine de livres d’enquête sur les frontières du connu, dont La Source Noire, Le cinquième rêve, Le cercle des anciens et J’ai mal à mes ancêtres.  Passionné de dauphins (voir "Le cinquième rêve"), il accompagne parfois les voyages en mer organisés par Frédéric Chotard.
Elephant Oltome

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