"Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut." Ciceron

La fille de sa mère

Synthèse & résumé À propos du livre Biographie de l'auteur

I – L’introuvable bonne mère…

 

Qu’est-ce qu’une bonne mère ? Qu’est-ce qu’une mère de fille ?

Une bonne mère, n’est ni trop ni pas assez… Elle escorte sa fille sur le chemin de la vie.
La mère a un rôle de transmission de l’identité de mère : elle transmet un modèle de maternité.  Mais être mère n’est pas une identité, c’est une fonction. Son identité, c’est d’être une femme.
La mère a un rôle de transmission de l’identité de la femme : elle transmet à sa fille son identité de femme qui déterminera sa confiance en soi, son respect de soi, son estime de soi et sa confiance en son intuition.
Au nom du souci que les mères se font pour leurs filles, dans un monde où le féminin reste encore soumis, il est indispensable que la mère prodigue à sa fille ses leçons d’éducation sentimentale, en toute neutralité et sans faire de son expérience personnelle une généralité. Elle a une mission de mise en garde envers sa fille, en veillant, ni à mettre de charge négative sur les hommes, ni à être permissive. Elle ne doit pas transmettre à sa fille la culpabilité liée à sa condition féminine.
Une fille se construit toujours contre ou par rapport à sa mère, jamais en dehors… Il est donc indispensable qu’une mère soit une « bonne » mère pour elle-même, qui ne soit pas une mère dans le sacrifice de soi, mais une femme capable de trouver ou de poursuivre sa voie personnelle en dehors de sa fille.  Une bonne mère, en montant l’exemple, inculque comme priorité le respect de ses centres d’intérêt et de sa personne.
 
 

II – Un si merveilleux amour !

 

Qui suis-je ? Le problème de l’identité

Il y a chez la mère et la fille une crainte réciproque de l’abandon.  Elles représentent tout l’une pour l’autre.  A l’adolescence, la fille a besoin de chercher ailleurs, là où sa mère n’est pas, pour se faire son identité.   Pour se détacher d’elle, il lui faut un modèle de rôle autre que celui de sa mère, celui d’une femme à qui elle puisse s’identifier, un modèle de séparation et de sexualité.  La mère ne peut être ce modèle sinon la rivalité surgira.
 

Où suis-je ? Le problème de la place

Quand la mère et la fille se battent pour la place, elles entrent en rivalité.  Il s’agit le plus souvent d’une rivalité inconsciente mais indispensable pour que la fille trouve son autonomie, sa place.  Il faut qu’il y ait d’abord rivalité avec la mère pour qu’il y ait rivalité avec d’autres femmes.
 

L’inévitable ravage

La passion de la petite fille pour sa mère doit cesser. C’est dans l’ordre des choses.  La haine est bien souvent le passage obligé. La mère doit comprendre que c’est le désir de vivre de sa fille qui la pousse à se révolter contre elle, pour se différencier, pour se structurer, pour vivre pour son propre compte, pour se lancer à la quête du monde.  Et tant que la fille met sa mère en accusation, c’est qu’elle n’est pas encore séparée.
 
 

III – Le rendez-vous d’amour manqué

 

Les mères non-structurantes, les mères extrêmes… Défaut de mères, abus de mères…

Les mères trop aimantes font autant de dégât que des mères insuffisamment aimantes.  Ce qui compte c’est le message transmis par la mère.
Il y a les mères défaillantes ou absentes pour raisons diverses. Certaines mères ne sont pas capables de transmettre un message valorisant de la femme : mère incapable de l’être sans mari, mère plaintive qui ne peut se réjouir que la vie de leur fille soit plus douce, mère errante qui fait de sa fille une fille sans terre,  mère dépressive perpétuellement perdante et découragée, mère d’un enfant non désiré ou mère d’un enfant décédé culpabilisant sa fille d’être là ou de trop, mère-enfant instable, mère narcisse qui n’aimera jamais personne qu’elle-même, mère pour qui ne compte que les apparences, mère abandonnante pour ne pas mourir elle-même,… la mère qui se mutile en se coupant de ceux qu’elle aime parce qu’elle porte encore en elle le rejet dont elle a été victime, enfant, et qui par peur de souffrir, fuit ou rompt par anticipation (ce qu’elle ne manquera pas de reproduire avec son conjoint)…   Il y a aussi les mères plus « extrêmes », les mères violentes, les mères fouettards, les mères qui spolient, les mères extra-rigides, les mères impitoyables, les mères malédictions…
Tout cela ne peut être sans incidence sur les filles ! Et les répercussions seront considérables sur leur rapport aux autres, aux hommes, à leurs amis, à leurs enfants, à leur parcours professionnel.
 

IV – Ces filles de mères impossibles… comment s’en sortent-elles ?

 

Comment sont ces filles ?

Difficulté à se lier : difficulté à s’imaginer aimée, répétition d’attitudes, sabotage de la relation….
Immense sensation de solitude : manque de repère, manque de confiance, ne trouvant de force qu’en elle
Courageuse : ne s’appuyant que sur leur force, elles pallient l’incurie de l’autre, s’attachent à des hommes qui ne donnent rien, comme leur mère
A la fois dépendante affectivement, et moteur du couple qu’elles font tout pour sauver
Habituées aux difficultés, elle sont incapables d’aller au plus simple, vers la source la plus sûre de bonheur.
Vie de combat, comme un combat avec sa mère.
Manque de mère , manque d’amarre
Pas habituée à recevoir, elles n’arrivent pas à prendre, à accepter naturellement que l’on s’occupe d’elles
Sensible à la détresse des autres, ont une forme aiguë d’attention pour les autres
Etre aimée, c’est ne rien dire, être sage, être la première de classe, rester impassible, se nier.  Elle devra apprendre à dire non à l’insupportable.
Une mère dont on se méfie rend méfiante.  Il est très important de s’entourer et de pouvoir faire confiance aux autres et à la vie en général.
Certaines de ces filles sont étonnamment vivantes. Ces naufragées restées petites filles sont des proies idéales pour prédateurs.  Elles demeurent dans le registre de l’affect et leur « enfant intérieur » qui a besoin de beaucoup de protection le recherche auprès d’un homme, souvent le premier venu, qui ressemble tellement à Maman…  Elles choisissent des relations où elles sont rejetées, des relations où elles doivent bosser pour obtenir la moindre gratification, des hommes non disponibles, indifférents, violents ou pervers… Le rejet les stimule à donner plus. L’amour, il faut le gagner.  Cela s’appelle la répétition compulsive.  Un acharnement à revivre un mode de relation passé insatisfaisant mais familier pour surmonter cette souffrance et la dépasser enfin.  La vie nous sert plusieurs fois de suite le même plat, jusqu’à que lasse de le consommer, nous le repoussions… Fille de mère perverse cherche homme pervers pour achever l’histoire, pour faire une fin.
Mais il n’y a aucune fatalité à reproduire en boucle les comportements destructeurs sans quoi l’humanité serait condamnée d’avance. Défaut d’amour reçu ne signifie pas défaut d’amour à donner ! Il est cependant indispensable pour la fille d’accéder en profondeur à son histoire pour ne pas la reproduire avec sa fille.

Fatalité ou héritage ? Comment s’en sortir ?

Il suffit de quelques îlots de tendresse pour créer un océan.  Une grand-mère, un père, un grand frère, un animal.  Les filles « sans mère » sont très souvent entourées de femmes qui savent, de femmes instinctives, de petites mamans partout. Il existe aussi des refuges, des échappées, la nature, le sport, les livres, les joies de l’esprit, l’écriture, l’engagement social ou politique…
 

V – Réparations

 

Il est indipensable de maintenir la relation avec sa mère

On n’a qu’une mère. Quand la haine fait le lien, il faut s’en défaire car la haine tue.  Il faut exercer un lâcher prise vis-a-vis de cette haine et libérer de la dépendance des attentes puériles qui ne seront jamais satisfaites.
La vérité, toujours bonne à dire ? Oui… Mais comment ?
Il faut mettre des mots sur la réalité sinon la relation est faussée et la situation reste inachevée.  Bien souvent, la mère n’a pas conscience de ce que lui reproche sa fille.  De plus, la mère et la fille n’ont pas la même mémoire des évènements.  La fille peut se retrouver doublement bafouée : par les faits et par le déni des faits.  Cependant, ce n’est pas quand elle sera morte que la fille exprimera à sa mère son ressenti.  La fille pense souvent qu’il est inutile de parler à sa mère qui ne comprendra rien. Voir sa mère acculée n’est pas un beau spectacle, ni pour la mère, ni pour la fille. Apprendre à communiquer est donc pour la fille, un passage obligé et impératif !

Comment réparer sa relation à sa mère ?

Première démarche (nécéssaire et non suffisante) : connaître et comprendre l’histoire de sa mère
Il est de notre devoir de nous débarasser de nos dysfonctionnement pour l’intérêt de la génération suivante.  Nos enfants hériteront de nos peines de la même manière que d’un terrain.  Il faut essayer de voir sa mère comme une femme et non comme sa mère pour comprendre ce qui l’a poussé à nous faire du mal.
La constellation familiale est une approche très positive tournée vers la réconciliation, où seuls comptent les évènements.  Elle permet de  redonner sa place à chacun, de prendre conscience de ce chacun porte en soi et de ce qui lui vient d’autres membres de sa famille.
Deuxième démarche : écouter ses émotions
Il faut écouter le petit enfant qui pleure en soi, cesser d’enfouir, cesser de surmonter la honte et accepter l’aide extérieure.  Il faut repérer – ressentir – exprimer l’émotion.
L’expérience du Rebirth peut être très utile.
Le pardon est en nous ou il ne l’est pas.  Les conditions du pardon sincère nécessitent des excuses sincères.
Les conditons du pardon : s’avouer que l’on a commis une erreur – admettre son erreur devant l’autre – ressentir du regret et le transmettre à la personne bléssée – faire amande honorable.
Troisième démarche : la communication relationnelle, la méthode ESPERE de Jacques Salomé

  1. Choisir la confrontation plutôt que l’affrontement : j’appose mon point de vue et non en l’opposant.  Je me prépare à la confrontation comme demandant et comme répondant.
  2. Choisir de se positionner et de s’affirmer.   Je me positionne et m’affirme dans mes propres désirs, mes propres limites, mes propres peurs.  J’accepte de renoncer à l’approbation au profit de l’affirmation
  3. Choisir d’employer le JE et d’exprimer Ses ressentis.  Cesser de parler sur l’autre – Supprimer les jugements de valeur – Se responsabiliser – Sortir de la   victimisation
  4. Utiliser la confirmation : confirmer l’autre dans ce qu’il ressent, dit ou fait, sans lui laisser croire que je l’approuve
  5. Ne pas confondre la personne et son comportement
  6. Pratiquer l’actualisation et la contextualisation.  La personne d’aujourd’hui parle au nom de la personne d’autre fois lorsqu’il faut exprimer des faits anciens.
  7. Pratiquer la restitution symbolique – Rendre à Maman ce qui est à Maman.   Il s’agit de changer le regard sur le passé et non le passé.  La fille restitue à sa mère ses injonctions, menaces, dévalorisations, culpabilisations, croyances. Pour restituer une parole, il faut la matérialiser, l’écrire en gros en y mettant de l’énergie et la restituer avec un mot d’accompagnement en utilisant le Je.  A chaque fin de lettre, il faut prendre soin de préciser : « Ce n’est pas contre toi, Maman.  C’est pour moi. »

Mieux vaut un mauvais accord qu’un long conflit !
Derniers conseils
Aux mères :  Inculquer le respect et montrer l’exemple, faire attention aux mots, comprendre que notre fille ne nous ressemble pas, laisser la place et ne plus vouloir dominer, garder à sa fille toute son attention et sa compassion quelque soit son âge, le détachemnent est un cadeau, mettre sa fille à sa place et occuper la sienne, vivre sa vie, laisser des preuves d’amour.
Aux filles : déculpabiliser, respecter sa mère, si l’on a une dette, c’est envers sa fille.. il faut réparer notre relation à notre mère

« La fille de sa mère » est un excellent livre de Véronique Moraldi sur les relations mères-filles.  Un livre qui donne des pistes et des conseils très concrets pour améliorer et comprendre cette relation à sa mère ou à sa fille. On s’y reconnait parfaitement ! Ce rapport souvent difficile est expliqué avec humour, distance, émotion, joie, et pudeur.  En effet, si la relation mère fille est une histoire d’amour intense et passionnelle, elle est souvent un lieu d’abus et de souffrances.

Oltome - Véronique Moraldi Véronique MORALDI est née à Nice en 1963.  Elle a poursuivit des études de philosophie, de lettres classiques et de droit avant de se consacrer à la psychologie et à la psychopathologie. Formée à la méthode ESPERE de Jacques Salomé, Véronique Moraldi se spécialise dans les problèmes de harcèlement moral, l'étude des personnalités narcissiques et l'analyse des liens familiaux et de leurs conséquences sur les comportements des adultes. Avec un sens inné du portrait et de l’humour, elle est l'auteure de nombreux livres dont "La fille de sa mère" (2006), "Gardez vous d'aimer un pervers" (2004), "La fille de son père" ou "N'ayez pas peur d'éduquer vos ados" (2010), "L'embarras du choix" (2013) et " Etre fidèle à soi-même en amour".
Elephant Oltome

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