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Ceci n’est pas un dauphin

Synthèse & résumé À propos du livre Biographie de l'auteur

Résumé du livre d’Yvan Beck, « Ceci n’est pas un dauphin »

Lara, une jeune fille de 18 ans, regarde des dauphins nager dans un bassin étriqué… et s’exclame : « C’est pas des dauphins ».  En effet, « Ceci n’est pas un dauphin » est devenu le titre du livre écrit et coordonné Yvan Beck, et préfacé par Matthieu Ricard : « Un plaidoyer passionné en faveur d’un juste traitement des cétacés, doublé d’un réquisitoire impitoyable contre ceux qui les exploitent sans merci. »
 

Introduction

Manuela von Kuegelgen et Julie Stouffs

 

« Nous ne voyons jamais qu’un côté des choses, disait Victor Hugo.
 Or c’est justement l’autre côté que je cherche à exprimer » Magritte
 
La préservation d’un équilibre entre l’homme, la terre et la vie qui l’habite demeure le socle de notre futur.  Pour explorer une nouvelle réalité où tout devient possible, les surréalistes associent l’impossible et l’improbable dans un ensemble poétique qui tend à libérer l’homme de la dictature de la raison.  Celui que nous croyons voir dans le delphinarium n’est pas un dauphin : nous apercevons seulement ce que notre raisonnement nous habitue à voir. Revisitons nos conceptions, nos perceptions et nos automatismes de pensée.  Pour que le merveilleux du surréalisme ne demeure pas lettre morte.

Chapitre 1 : « Ceci est un dauphin »

France Zweber & Yvon Godefroid

 
Le nom générique « dauphin » désigne un grand nombre de cétacés à dents, de la famille des Delphinidae qui inclut aussi les orques.  Ils ont pour ancêtre un mammifère terrestre dont les descendants  se sont adaptés pour mener une vie strictement aquatique.
La physiologie du grand dauphin (Tursiops truncatus) – dont nous parlons dans ce livre – mesure entre 2,70 et 4 mètres, et pèse entre 200 et 650 kilos.  Il vit en moyenne jusqu’à 30-40 ans. La ligne de sa bouche lui confère un sourire immuable.  Sa peau est lisse et douce.  L’acte sexuel est rapide mais répété plusieurs fois à intervalles de quelques minutes..  Les dauphins font l’amour pour le plaisir.  Pas de tabous, incessants échanges de partenaires et de coïts.  L’accouplement s’apparente à un viol simulé : la dauphine est « capturée » par plusieurs mâles qui l’honorent successivement.  Les femelles se reproduisent tous les 2 ou 3 ans avec un mâle différent et donnent naissance à un enfant à la fois d’environ 20 kg.  Jusqu’à la fin de sa vie, le dauphin fait partie intégrante de son clan, et sera aidé par ses congénères dans sa vieillesse jusqu’à la mort.  Les dauphins adoptent souvent les jeunes orphelins ou les handicapés.  Ce qui est rare chez les animaux.
Les dauphins sont des animaux sociables qui vivent en clan d’une quinzaine d’individus réparti en plusieurs familles.  Les liens familiaux restent forts.  Ils vivent entre « gens de bonne compagnie » : échanges incessants, amitiés et alliances durables, relations sociales complexes…  Leur mode de fonctionnement repose sur la coopération.
Les dauphins ont les cerveaux les plus rapides du monde.  Ils communiquent entre eux grâce à leur signature sifflée que leur mère leur a appris à prononcer dès leur plus jeune âge.  La signature  sifflée leur permet de décliner leur identité en cas de rencontre amicale ou inamicale, de donner des informations sur leur hiérarchie au sein du groupe, ou sur leur état émotionnel.  Cette capacité à se nommer et à nommer l’autre est la preuve d’une authentique conscience de soi et de l’autre en tant qu’individualités.
Les dauphins comprennent les besoins des autres et peuvent sacrifier leur intérêt personnel.  Ils portent assistance à leurs congénères en difficulté, et même aux autres espèces, dont la nôtre.  Ils ont donc une conscience morale !  Les dauphins portent en eux l’étincelle de l’esprit, du discernement et de la bienveillance ! Et l’océan est leur royaume !

Chapitre 2 : Dauphins captifs

France Zwéber & Yvon Godefroid

 
À l’échelle d’un dauphin, l’espace dont il dispose dans un delphinarium est celui d’une « bassine »… d’eau chlorée ! Une eau chlorée qui attaque leur épiderme et leurs yeux dans des bassins qui laissent à peine filtrer la lumière solaire et l’air extérieur.  Et s’ils veulent manger, ils doivent obéir à des humains qu’ils ne connaissent pas.  Comment s’étonner de nombreux cas de fractures de leur mâchoire dues probablement à des tentatives de suicide pour en finir avec cette vie vide de sens.

À Anvers, le delphinarium-mouroir
Le Zoo d’Anvers a inauguré son delphinarium en 1969 et a été fermé en 1999.  Un des pires d’Europe ! 29 dauphins y sont morts … officiellement.  Une hécatombe qui a pris fin grâce à une vaste manifestation d’activistes et le travail de Planète-Vie.   En 1999, il reste Iris et Ivo.
Leur histoire bien affligeante, parle d’elle-même…
En 1981, quatre dauphins sont capturés dans le Golfe du Mexique pour être amenés au zoo d’Anvers.  Seuls Iris et Ivo, mère et fils,  survivront,… 17 longues années.  Pour chasser l’ennui, alors que l’inceste est strictement tabou, Iris et Ivo conçoivent un enfant qui ne survivra que quelques jours.  En 1999, lorsque le directeur du Zoo se voit obligé de fermer le delphinarium, des propositions de toute part affluent pour la réhabilitation des deux survivants.  Elles n’auraient rien coutés et auraient permis à Iris et Ivo de se refaire une santé avant de retourner dans leur habitat naturel.  Toutes ont été refusées par le directeur du zoo de l’époque, Frédéric Daman.  Iris et Ivo ont été envoyé à Duisbourg condamné au même enfer…mement.  Une vie sans plus d’espoir les attend. Iris y est morte en 2003.  Une mort misérable et précoce.  Un cas parmi d’autre, une simple anecdote (qui a fait l’objet d’un dossier emblématique écrit par Yvan Beck et Gauthier Chapelle « Liberté pour les dauphins – le dossier Iris et Ivo).  Pourtant, encore  à ce jour, le zoo d’Anvers continue d’exhiber des otaries qui nagent en rond, sans fin, dans un décor  vide, leurs yeux fermés pour se protéger du chlore.

Hier Anvers, aujourd’hui Bruges
Le delphinarium de Bruges a été ouvert en 1972.  En 1988, il est ravagé par un énorme incendie dans lequel 4 dauphins périssent.  Le delphinarium a été reconstruit en 1990 pour être l’un des plus modernes d’Europe et l’un des plus respectueux de la législation en la matière.  Cependant, la mortalité reste très élevée.  Clairement, cet exemple démontre qu’un enclos aussi sophistiqué qu’il soit demeure mortifère et incapable d’offrir les conditions de vie qui correspondent aux besoins vitaux des dauphins, dont l’océan sans frontière reste leur habitat.

Les dauphins se suicident-ils ?
Aujourd’hui, enfin, on accepte l’idée que les animaux soient dotés de sensibilité.  Cela semble évident pour nos animaux de compagnie ou les animaux abandonnés dans des refuges où ils souffrent de dépression et qui se désintéressent de leur nourriture et de leurs congénères.  Il en est de même pour les autres animaux.  Les dauphins captifs dans un delphinarium se retrouvent privés de leur famille et leurs compagnons, incapables de se déplacer en liberté, de s’écarter de congénères qu’ils n’ont pas envie de fréquenter, obligés de se soumettre à des individus pour recevoir à manger.
Un dauphin peut stopper volontairement sa respiration.  Richard O’Barry, un célèbre entraîneur de cétacés à Miami raconte : « Cathy m’a regardé dans les yeux, a pris une respiration, l’a retenue et n’en a plus pris d’autre.  Elle s’est laissé couler au fond de l’eau ». O’Barry est depuis un militant anti-captivité très actif.  De nombreux dauphins s’infligent volontairement des blessures en se précipitant contre les parois de leur enclos.  Ces actes d’automutilation sont-ils le résultat d’un stress extrême ou d’un tel désespoir qu’il entraîne le souhait de mettre fin à son existence ? Toujours est-il que ces blessures entrainent la mort.

Chapitre 3 : Création d’un groupe de travail

Gauthier Chapelle et Yvan Beck

 
Le Conseil du bien-être des animaux (CBA) a pour mission de remettre au ministre compétent des avis sur les questions relatives au bien-être animal.  La loi relative à la protection et au bien-être des animaux de 1986 – qui considère encore que l’animal est un bien meuble – est à l’origine de la création du CBA.
En 2000, « Liberté pour les dauphins », un ouvrage collectif lançait le débat sur la captivité des dauphins au moment où l’affaire Iris et Ivo battait son plein.  Le travail de la CBA a été entaché du lobbying constant du secteur des delphinariums au sein du groupe de travail et ce afin que le delphinarium de Bruges puisse maintenir ses activités, les légitimer et les accroître…

Chapitre 4 : Enjeux économiques

France Zweber & Yvon Godefroid

 
Des holdings tentaculaires !
Les delphinariums européens ont été progressivement rachetés par de vastes holdings financiers cotés en bourse.   La Compagnie des Alpes, créée en 1989, est un acteur incontournable des parcs de loisirs en Europe (Parc Astérix près de Paris, Walibi, Aqualibi et Bellewaerde en Belgique, les domaines skiables de La Plagne, des Arcs, de Chamonix, d’Avoriaz…)  Le groupe espagnol Parques Réunidos détient 56 parcs.
Le SeaWorld, une filiale de Blackstone, la plus grande firme mondiale de placements alternatifs, affiche une santé financière insolente.  Heureusement, il y a eu une belle ombre au tableau.  En 2010, Tilikum, l’orque qui faisait le succès du SeaWorld, a tué sa dresseuse sous les yeux horrifiés du public.  Un accident devenu le thème central du documentaire Blackfish qui avec une sobriété remarquable n’expose que les faits.  Grace à ce documentaire (voir sur Oltome), SeaWorld a du justifier publiquement l’existence de ses spectacles.  Quelques pays ont depuis interdit la détention de cétacés : la Croatie, la Chypre, la Hongrie, la Slovénie, la Suisse, le Costa Rica, et l’Inde en 2013.
Mais en attendant, il faut gagner plus, toujours plus… Si les parcs aquatiques et delphinariums commencent à une mauvaise réputation en Occident, leur nombre augmente considérablement en Asie.

La poule aux œufs d’or
Peu d’animaux génèrent autant de bénéfices que le dauphin captif.  Un dauphin capturé coute plus de 100.000 dollars. On estime à plus de 2000 dauphins détenus dans 343 delphinariums à travers le monde.   Le Japon est devenu leader mondial du commerce des cétacés.
 
La baie sanglante
Grace au documentaire, « The Cove », les massacres de dauphins de la baie de Taji, « la baie de la honte » ont étés dévoilés au monde entier.  2400 dauphins meurent dans cette baie sanglante où des chasseurs rabattent des dauphins qui naviguaient sur leur route migratoire.  Une pêche miraculeuse pour ces pêcheurs.  Ce qui fait tourner le commerce, ce sont les captures pour l’industrie du diversement, mais il n’y a pas de petits profits. Les autres dauphins seront massacrés dans une terreur abominable avant d’être dépecés, pesés et emballés pour finir sous l’appellation « viande de baleine », dans les restaurants ou les cantines d’école, ou encore sous forme de croquettes pour chats et chien.  Une viande hautement toxique et encore plus particulièrement depuis la catastrophe de Fukushima…

Chapitre 5 :  Le droit au service d’une nouvelle éthique animale – José Javier Paniagua

 
L’Inde a montré la vie en interdisant d’établir des delphinariums dans son pays en 2013.  Le vent du changement commence à souffler.  Depuis le début du 21ième siècle, on constate une montée de la prise de conscience des populations partout dans le monde au regard du bien-être animal.  Il se produit un phénomène d’accroissement des législations protectrices des animaux ou soucieuses de leur bien-être.  Un mouvement irréversible car étroitement lié à la compréhension de l’interdépendance entre tout ce qui existe sur la Terre : êtres humains, animaux ou plantes.
Lorsqu’on regarde la situation en Belgique, celle-ci fait figure de cancre de la classe.  La Belgique n’a pas encore introduit de modification dans son Code civil, qui considère encore l’animal comme un bien meuble.   Mais cela va venir…

Chapitre 6 :  Philosophie et surréalisme – Yvan Beck

 
Ethique 
Le positionnement par rapport à la science : les scientifiques doivent également considérer qu’il existe une intelligence émotionnelle  en dehors de l’intelligence cartésienne.  En oubliant la sagesse du cœur, les affirmations scientifiques sont totalement détachées de la réalité.
Le positionnement éthique : il semble tout à fait dépasser de considérer les dauphins, ou autres animaux, comme des objets mis à notre disposition et dont nous pourrions disposer comme bon nous semble.
Le positionnement pédagogique : comment transmettre aux jeunes la complexité des relations entre les dauphins et d’autre espèces dans leur écosystème en les montrant dans une baignoire ?
Le positionnement par rapport au bien-être : comment se fait-il qu’il soit exceptionnel de pouvoir garder en vie des dauphins nés captifs de dauphins nés captifs ?
 
Interdépendance 
Tout est lié.  Tout est relié.  Nous ne sommes pas « un » mais « multiple », nous ne sommes pas indépendants mais interdépendants, nous pensons le monde en termes de permanence alors que tout est impermanent.  La perspective de l’interdépendance transforme le regard que nous portons sur nous et sur l’autre.  Elle replace l’homme au sein du processus évolutif qui l’a vu naître et l’invite à en respecte les fondements.  Nos sociétés ont ignoré le fondement même du processus évolutif qui gouverne l’univers.  Collaboration, solidarité, compassion sont les véritables socles sur lesquels repose toute forme d’organisation au sein du monde vivant.
 

Ce livre est un appel du peuple dauphin.  Un dauphin pris comme ambassadeur toutes espèces confondues, un dauphin qui demande que lui soit reconnu son droit légitime à vivre une vie de dauphin.  Sa vie.

 

« Les dauphins sont des personnes non humaines.  Et nous ne pouvons enfermer quelqu’un pour notre seul plaisir, ainsi en est-il tout simplement. » Yvan Beck

« Ceci n’est pas un dauphin » m’a été recommandé par une amie d’Yvan Beck.  Je ne pensais pas tomber sur un ouvrage aussi intéressant et efficace.  Yvan Beck est bien plus qu’un très bon vétérinaire… Il est engagé depuis plus de 30 ans à défendre le bien-être animal de bien des façons.   Ce livre sur « ce qui n’est effectivement pas un dauphin » est un très touchant rappel de notre place dans le monde, au sein du vivant.  Cela fait plaisir de voir tout au long de ce manifeste que les consciences bougent irréversiblement.  En lisant ce livre, j’avais honte… honte d’avoir été un jour au SeaWorld, honte de ne m’être pas encore plus insurgée.  Un jour nous serons nombreux à nous demander  « Comment avons-nous pu ? »…  Le dauphin se fait l’ambassadeur de tous les animaux considérés encore comme des objets par notre propre code civil (belge) !  A lire !

Oltome - Yvan Beck biographie Yvan Beck est né au Congo en 1956. Il est belge, Docteur en médecine vétérinaire, détenteur d'une DES en environnement, écrivain et réalisateur. Il exerce son métier à Bruxelles en lien direct avec les domaines fondamentaux associés au bien-être animal.   L’environnement, l’éthique, l’interdépendance entre l’homme et l’animal, le droit du vivant, les relations entre l’économie et le monde vivant. Il préside depuis 1995 l'association belge Planète-vie, fondée par le sénateur Roland Gillet. Après la publication de son premier livre : "L'animal, l'homme, la vie" en 1998, Planète-vie centrera ses activités sur le thème de l'interdépendance du monde vivant. Il réalise des films documentaires dont "Lovemeatender".   En 2000, il coordonna "Liberté pour les dauphins".  Un premier ouvrage sur la captivité des dauphins qui scella la fermeture du Delphinarium du zoo d'Anvers. Il a publié "Ceci n'est pas un dauphin" en 2017.  Il s'agit d'un livre manifeste pour une reconnaissance juridique du monde vivant.  Un livre, préfacé par Matthieu Ricard, qu'il a coordonné et écrit avec Gauthier Chapelle (entre autre).  Il organise des cycles de conférences et des événements afin de sensibiliser le public et le monde politique à la cause animale.  En janvier 2022, sortira en salle le film qu'il a réalisé "Ecocide, Changer ou Disparaître", un film qui nous fait réaliser combien nous sommes tous interdépendants et que notre survie dépend de celles des autres espèces qui font tourner le monde. Yvan Beck recommande à Oltome 5 lectures pour (encore) mieux aimer le Vivant !
  1. "Les animaux dénaturés" de Vercors
  2. "Les racines du Ciel" de Romain Gary
  3. "L'entraide, l'autre loi de la jungle" de Pablo Servigne et Gauthier Chapelle
  4. "Le livre tibétain de la vie et de la mort" de Sogyal Rinpoché
  5. "Nouvelle réalité : entretiens avec le Dalaï-Lama sur l'âge de la responsabilité universelle de Sofia Stril-Rever
Planète vie : www.planetvie.be  
Elephant Oltome

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