"Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut." Ciceron

John MUIR

John Muir est né en 1838 à Dunbar, un petit bled écossais en bord de mer. Le père de Muir était un presbytérien fervent extrêmement strict.  À 11 ans, John connaissait par cœur les trois quarts de l’Ancien Testament et pouvait réciter le Nouveau dans l’ordre.
Dans cette Écosse, on lisait beaucoup.  L’Amérique, c’est par les livres que Muir l’a connue.  Il en rêvait ! Un soir de 1849, le père annonce à la famille : « Demain on part en Amérique ! ».  À cette époque ; on ne parlait que de la découverte de l’or dans ce pays fabuleux.  La famille s’établit dans le Wisconsin, un territoire d’abondance. « C’était si grand, si vide qu’on se pose où on veut et on est chez soi, on plante son bâton dans la terre et elle est si fertile qu’il prend racine et rapidement, donne des feuilles, puis des fruits. »  Dans la ferme des Muir, c’est très beau, presque irréel.  Au bout du pré, un merveilleux lac et partout des oiseaux.  Tout autour de la ferme, c’est le « wilderness », traduit en « La Sauvagerie », la sylve :  c’est ce qu’il y a en dehors des allées du jardins, ce qui commence dès qu’on a franchi le mur qui l’entoure et le ferme.
La ferme est un cadeau inestimable pour John et son frère David : connaissance des animaux, observation et respect de la nature…  L’agriculture s’abattit brutalement sur les jeunes Muir.  Avec tout ce qu’ils font, John n’a plus le temps de lire.  Il a quitté l’école à 11 ans et travaille en permanence aux champs avec ses parents, ses frères et sœurs.
John a 15 ans lorsqu’un un violent désir de lire jailli en lui.  Il lit en cachette le soir.  Son père le surprend et s’énerve : « Si tu as envie de lire, lèves-toi plus tôt le matin ! ».  John est ravi ! Mais il a du mal à se réveiller tôt… alors, il invente alors « une machine à se lever tôt : une pendule à complications à partir du seul principe du pendule lu dans un livre, il la sculpte en bois et parvient à la faire fonctionner ! C’est absolument stupéfiant.  Il invente et construit un thermomètre basé sur le principe de la dilatation des métaux, un appareil à détecter la chaleur humaine, un baromètre… John présente ses constructions à la foire nationale.  C’est un triomphe ! Il commence à être connu et il rentre à l’université du Wisconsin en assurant lui-même ses frais d’étudiants.  Il y restera 4 ans et continuera à inventer.  Notamment une horloge dont le soleil lui-même assurait son réveil : cette machine existe en un seul exemplaire sans qu’aujourd’hui personne n’ait réussi à en comprendre le fonctionnement.
Mais la passion de « La Sauvagerie » appelle Muir.  Animé par l’envie de pénétrer toujours plus loin dans la beauté divine, infinie et vivante, il quitta l’université du Wisconsin pour l’université de la Nature Sauvage, une extraordinaire expédition botanique et géologique qui durera 50 ans.  C’est à ce moment que John a choisi d’être vagabond et non millionnaire. En pleine guerre civile, le 1er septembre 1867, Muir entame une marche de 1500 km à travers l’Amérique profonde.  Muir découvre au Sud un pays meurtri où élégance et raffinement n’existe plus… autant en emporte le vent.
Après ce premier périple, Muir embarque pour la Californie… il recule comme un chat devant l’agitation urbaine.  San Francisco, capitale bouillonnante depuis l’or l’insupporte.
Muir décide de partir dans la vallée du Yosémite qui a été découverte il y a seulement quelques années.  La Nature est prodigue de trésors.  Elle dispense sans compter.  La vallée du Yosémite se déploie et se découvre en un instant.  Et là, Muir sait qu’il a atteint le point exact où il devait être et qu’il ne le quittera pas pendant les 40 années suivantes.  Un coup de foudre d’un homme pour un paysage.  La révélation du 15 juillet 1869 ouvre sa vie et la contemplation de la Création en marchant seul dans la Sierra Nevada ne s’épuisera jamais.  Muir veut aller, devant, plus loin.  Regarder.  Tout le reste qui fait habituellement la vie d’un homme, la richesse, le confort, la protection est sacrifiée à cette liberté.
Muir devient très connu.  Il est le « Promeneur solitaire » du Yosemite, capable de travaux scientifiques, d’érudition et de poésie.  Il a de nombreux lecteurs et se fait connaître du monde scientifique, artistique et littéraire.
Il est consterné de voir les forces de destruction se propager dans la Sierra, de voir les séquoias débités n’importe comment en planchettes pour construire des cabanes.  A Oakland, il devient une célébrité, une attraction.  Il donne des conférences, participe à des conventions.
Il épouse Louisa Strenzel en 1880 à l’âge de 42 ans avec qui il aura deux filles.  Pour les 10 ans qui viennent, il renonce à sa grande liberté mais dans sa maison avec sa femme et ses filles, tout lui est plaisir.  Il s’occupe de cultiver légumes et fruits, de planter des vignes et fruitiers, de diriger 20 à 30 ouvriers sur son lopin de terre qui s’agrandi et ce tout en continuant d’écrire des articles pour les magazines.   John Muir s’éteint à petit feu, il s’épuise… « L’ancienne liberté dont j’avais l’habitude de jouir fait partie du passé, comme la jeunesse et ses enthousiasmes. »  Il se met à l’écriture même si grimper aux arbres et dans les montagnes lui est plus facile et plus agréable.
Face aux tentatives répétées des affairistes qui veulent gérer le Yosémite, Muir consacre toute son énergie à militer pour que la gestion du parc soit retirée à la Californie et qu’il devienne un parc fédéral.  Il milite contre le pillage effroyable des ressources forestières qui détruisent la création.  Dans l’exploitation des ressources naturelles, Muir ne voit pas un gain, mais une perte. Pour tous…  Le développement rapide de la Californie se fait au prix d’une dette écologique colossale que personne ne veut mesurer.
En 1903, Il campe sous les grands séquoias durant 4 jours seul à seul avec Théodore Roosevelt.  « Les deux plus grands hommes de plein air de notre époque » titrent les journaux.    Ils resteront amis jusqu’à la mort de Muir.  « C’est l’homme le plus libre que j’ai jamais rencontré » dira Roosevelt.  En 1905, le parc de Yosémite devient fédéral, il sera propriété de la Nation.  Grâce à eux, cent ans après cette entrevue, on peut encore s’émerveiller des séquoias.
Muir est un héros national, le protecteur de Yosémite, le sauveur des séquoias, le père fondateur de l’écologie politique. Un vagabond magnifique, libre et plein d’humour qui a laissé parmi les plus belles pages de « nature writing », ce genre littéraire américain qui ne manque pas de belles plumes.  Les dernières années de Muir sont des années d’accomplissement durant lesquelles il voyage.  Sa femme décède en 1905.  Roosevelt lui écrit : « Sors au plus vite parmi les montagnes et les arbres, mon ami.  Ils feront plus pour toi que tous les hommes. »  Jusqu’à la fin de sa vie, il défend la valeur suprême des parcs nationaux comme lieu de recréation : « Ce sont des cathédrales de la Nature, où tous peuvent trouver inspiration et force, et se rapprocher de Dieu. »
Muir décède d’une pneumonie à Los Angeles en 1914.  Toute sa vie est une nostalgie de la Sauvagerie.  « La Terre n’est plus nulle part inconnue.  Mais on peut accéder encore à la petite sauvagerie, celle d’un pré, d’une forêt, d’une haie, on peut plonger dans l’odeur de l’herbe, fermer les yeux et rêver qu’elle est infinie, inexplorée comme au temps de l’enfance où à tout ce qui s’étendait au-delà du seuil de la maison était la Grande Sauvagerie, si attirante. »

Résumé de la biographie de John Muir par Alexis Jenny « J’ai pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond. »

Laurence de Vestel – Mai 2021

Elephant Oltome

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