"Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut." Ciceron

Le secret de famille

Synthèse & résumé À propos du livre Biographie de l'auteur

Introduction

Il y a comme une superposition entre l’aventure du cosmos et l’aventure individuelle, entre la grande histoire et la petite histoire. Le phénomène humain constituerait la manifestation la plus haute de l’émergence de la conscience créatrice et la transmission généalogique apparaît alors comme le lieu privilégié ou s’opère la transmutation de l’obscur en lumière, de l’accroissement du niveau de conscience et de l’élargissement de la vie psychique. Le secret de famille est le point clé de ces transmissions : faiseur d’obscurité et de confusion, il n’en contraindrait que davantage les descendances à faire de la lumière, à trouver une parole pour sortir toujours un peu plus de la confusion.

Tel Œdipe, lorsqu’il découvre son secret, il peut abandonner les enfers et découvrir le secret de ses origines. Il peut retrouver la vue et, délivrer du poids de cette faute où il n’était pour rien, cesser d’être coupable, se faire plus léger. Ce n’est plus de ses parents ou de son ascendance qu’il aura à se préoccuper mais de sa transcendance.

La nature du secret double. Le secret est dissimulation et seul sa disparition fonde de son existence. Il n’existe que pour être révélé, pour nous obliger à éclairer la part d’obscurité qui nous est transmise. Nous avons à inventer sur elle, la lumière.  Le secret, c’est en cherchant à l’élucider que nous créons notre vie et que nous prenons sens. Que nous prenons naissance.

C’est l’alchimie des douleurs part quoi chaque génération se sépare des précédentes en acquérant un surcroît de conscience et d’âmes.

Extraits :

  • Les masques, les déguisements, les faux semblants dont sont vêtus les filiations.
  • Les forces souterraines qui régissent la vie des familles
  • L’effondrement des valeurs morales dont nous avons été cuirassés.
  • Parmi les règles qui régissent la vie des secrets de famille, envoie une : attention ! Un secret peut t’en cacher un autre ! Sous le secret, banal et anodin, un autre secret souvent plus important ou plus dangereux, se dissimule. Comme si le premier n’était là que pour faire écran sur le deuxième, pour créer une diversion
  • « Elle avait avec son père des relations étranges. À la fois proche et distante. Il ne savait ni lui parler ni lui manifester ses sentiments. Alors il se contentait de lui remettre les chèques. »
  • Tout secret de famille est étroitement lié à l’inceste et aux désirs qui le fonde, que cet inceste ait donner lieu à un acte ou soit, le plus souvent, demeuré dans l’imaginaire et le symbolique.
  • On retiendra dans l’expression de ce désir, le besoin inconscient d’aller à la recherche d’une vérité manquante. Une démarche exploratrice du même ordre ou d’un ordre plus métaphorique, (voyages, découvertes, profession liée à la recherche, à la découverte, psychologue, détective…) se retrouve chez beaucoup de ceux qu’un important secret à leur insu concerne. Ces personnes ont besoin d’entreprendre, et sans savoir encore pourquoi, une sorte de quête.
  • Les histoires de secret de famille ne s’épuisent pas avec la découverte du délit et des coupables.  Une fois que le secret est éclairci, et que nous avons toutes les explications nécessaires, ce n’est pourtant qu’à partir de maintenant que les interrogations doivent commencer. Pourquoi ces dissimulations ? Quel chagrin ou quelle colère tendent de se frayer un chemin dans la vie de la personne ? Pourquoi cette petite fille porte-elle le nom de sa grand-mère ?… En en sachant plus sur les personnages, nous commençons à entrevoir ce qui est à l’œuvre et dont nous nous voyons encore que l’écume : des passions, des désirs qui se meuvent obscurément dans cet étrange, espace de vie qu’on appelle une famille.
  • Nous pensons que le secret a presque toujours pour caution le bien et la tranquillité de l’enfant. Il est en réalité construit pour le confort et la sécurité d’adultes sans consistance. Une famille morte de peur et de bêtises et le terreau idéal de toutes les dissimulations les plus sordides.  
  • Un secret en cache toujours un autre. Sans doute, bien plus terrifiant.  Il trouve toujours son origine en amont de la dissimulation, proprement dit, dans la relation que ses auteurs entretiennent avec leurs propres parents.
  • Des signes des indices sont toujours disposés sur le chemin de celui que le secret concerne. Sa quête et sa découverte constitue toujours pour lui, au-delà du choc, de la découverte et de la révélation, le point de départ d’un cheminement psychique. Le secret apparaît toujours comme une étape dans le chemin de vie. Sa révélation oblige à reconnaître une blessure, un manque, et selon où l’on en est dans sa vie, à achever ou à commencer le deuil des vieilles et pourrissantes illusions d’amour qui empêchent de vivre et d’aimer.
  • Les détenteurs de secrets se laissent aller à leurs souvenirs, à leur peine, plus rarement à leur colère.
  • L’étrange pouvoir enclos dans le secret, un sortilège jeté sur la vie vi
  • La révélation du secret est rarement une absolue surprise.  On s’aperçoit que la vérité avait toujours été présente, à leur de conscience.  « Je le savais ! ».
  • Un des grands thèmes propres au secret, c’est le : « On ne parle pas de ça en famille ! » On ne parle de rien pour ne pas risquer un éclat, pour ne pas risquer l’éclatement de la famille.  On imagine bien les déguisements qui drapent avantageusement l’innommable.
  • Les secrets se dissimulent toujours dans les blancs de la vie et des textes.
  • On voit souvent se reproduire, d’une génération à l’autre, des comportements ou des situations identiques.  On ne répète que ce qui n’a pas été entendu, jusqu’à ce que ce soit entendu.
  • Des gens immobilisés pour toute la vie dans le mensonge.  L’impossible dialogue des enfants et des parents se poursuivait dans l’invisible.
  • Qui était ses parents, capables d’une telle dissimulation ? Où était, alors, leur amour ?
  • On peut s’étonner de l’extraordinaire, quantité d’énergie que les familles déploient pour mettre en place un secret et le conserver. Que de contraintes ! Que de ruse ! De souffrance ! Et pourquoi ? Pour dissimuler des évènements ou des comportements dont la banalité est extrême et qui existent dans les familles, depuis l’origine des temps.  
  • Les héros de secrets de famille veulent éviter à tout prix, – je dis à tout prix – , de perdre l’amour de ceux dont l’amour leur est nécessaire. Ils veulent préserver les liens vitaux qui les relient à un père ou à une mère ou quelques fois aux deux. Le secret, c’est ce qu’il faut leur cacher ou cacher avec eux pour ne pas leur déplaire. Le secret de famille, ce n’est rien d’autre, que l’histoire d’un amour et de la peur de le perdre.
  • Mais pour le compte de qui agit-t-il ? Pour l’honneur ou celui de leurs parents ? Ils ne peuvent pas entrevoir que les désirs qui les habitent ne leur appartiennent pas. Ils ne sont que des exécutant, ils sont piégés.  Le secret de famille, c’est un secret d’amour, impossible. D’amour trahi. Plutôt que d’en faire le deuil, on préfère l’illusion. Et c’est là qu’il y a confusion. La personne n’accomplit pas son désir, mais celui de son père (par exemple), à son insu. 
  • Chaque homme et chaque femme est prêt à payer au prix fort, et toujours de sa vie, l’illusion de conserver d’obtenir l’amour de son père ou de sa mère. Mais nul ne le sait pour lui-même, et c’est en cela que le réside le secret véritable. Le secret en cache toujours un autre, il crache toujours directement ou indirectement, cette confusion fondamentale qui pour l’humain est l’inceste.
  • On prétend que ceux qui écrivent de l’histoire de famille éprouve le besoin de retrouver leurs racines. Non.  C’est plutôt pour mettre celles-ci à jour et pour pouvoir ainsi les couper ! Pour se séparer de leur ascendance ! On ne se débarrasse pas de ce qu’on ne connaît pas. On ne se libère pas des entraves qu’on ignore. On ne sort de l’illusion et du mensonge que lorsque l’on sait comment on y est entré. C’est pour cela qu’il faut mettre à jour ses racines. Afin de les voir pour ce qu’elles sont. C’est parce que nous changeons, justement, que nous passons par le passé. Pour l’éclairer pour comprendre, pour le prendre avec nous, et sortir ainsi de l’obscurité.
  • On pourrait être tenté d’arrêter de s’attacher de tes signifiances. Au contraire, il faut renverser la proposition. Et si c’était cette absence, ce mensonge, cette faute, c’est inceste, des milliards, et des milliards de fois répété qui engendrer des désordres du monde ? La perspective change. De quelle inhumanité sommes-nous encore des enfants ?
  • On est habitué à nous considérer dans le secret que l’intérêt de ces auteurs, ceux qui dissimulent parce qu’ils ont d’intérêt ou qu’ils ne veulent pas savoir où qu’ils craignent les représailles ou les remises en question.
  • Tous les secrets de famille nous concernent et nous intriguent. Car ils sont les miroirs de nos propres secrets.
  • Je pense que chaque secret laisse toujours derrière lui, autour de lui, suffisamment d’indices pour qu’on puisse un jour, le découvrir ou du moins éclairer, ce qui doit l’être. Le cheminement qui sert à parvenir la vérité. Le secret constitue le secret lui-même.
  • Des secrets pourrissent-nous sont jamais être dit.
  • Pourquoi ces répétitions, ces désordres, ces maladies, ces accidents… ? C’est une exigence qui roule dans l’obscur de l’existence jusqu’à ce qu’elle soit reconnue. 
  • La perte des papiers d’identité, c’est la perte de son identité. Ça fait également partie de l’histoire. Il est impossible de ne pas y voir les fils tenus de la transmission généalogique et de son accomplissement. 
  • C’est ta propre énigme que tu as à résoudre et non pas quelques obscurs points de ton histoire familiale qui n’intéresse personne.
  • Le secret, on croit inanimé ou opaque dans les ténèbres. Non, le secret, c’est ce qui en nous appelle et demande à voir le jour. C’est une force qui fore dans le noir, qui se heurte aux habitudes, aux convenances, et qui comme une galerie, sous la montagne, nous permet de passer d’une contrée à une autre. Après la révélation d’un secret, nous ne pourrons plus jamais être les mêmes. Ce que nous découvrons de notre histoire nous oblige à reconsidérer ce que nous sommes, et on ne peut plus faire comme avant.

La reconstitution

  • Le secret de famille est à la fois l’objet et le moyen de la connaissance. Pour être rapproché, l’oblige à un véritable travail d’archéologie. Il faut creuser, gratter, dépouiller les apparences, confronter les indices. Ce travail est une ascèse.  Le secret n’est révélé qu’à celui qui est en état de l’entendre. Il manifeste son action souterraine en créant des désordres et des souffrances qui n’ont d’autres buts que de manifester son existence. Il ne faut pas qu’on oublie sa présence qui taraude la vie. 
  • Pour découvrir les secrets de famille, commencer par ouvrir le livret de famille de vos parents, tous les papiers qui sont en votre possession, les actes de naissance, de mariage, de décès de vos ancêtres. Et ce jusqu’à trois ou quatre générations. Cela suffit en général.
  • Souvent, se sent coupable, celui qui s’intéresse plus au déchiffrement de sa petite histoire qu’à celle de l’univers et qui n’ose pas croire qu’ainsi faisant, il s’occupe de l’essentiel.
  • Témoignage : « J’étais emporté dans le tourbillon du temps. Les générations se pressait autour de moi, je voyais à quel point je dépendais d’elle. Je n’étais qu’un chaînon dans le maillage fantastique tisser par les familles. Et cependant je me sentais libre. J’étais tout petit et en même temps immense. Libre d’être et de comprendre ma place et mon rôle dans les tourments du temps. Le secret était en moi. Dans ma vie même. Il me demandait seulement de vivre pour moi-même. »

CONCLUSION

         Le secret, c’est du refoulé qui exige de voir le jour. Sa quête comme son dévoilement oblige à prendre conscience de ce qui l’a fondé et donc à sortir de la confusion. Le secret est un processus positif dans la marche du monde : sa révélation et sa compréhension sont, toujours au terme d’une quête, un gain de conscience et d’amour.   Le secret agit comme un germe de vie et de conscience.  

         Génération après génération, les enfants s’arrachent lentement à l’indifférencier. Ils commencent à reconnaître ceux dont ils sont nés et à se reconnaître, eux, pour achever de naître. Toute l’histoire est dans le cheminement

         Mais tout ce qui fait la réalité banale de la vie, sentiments, espoirs, souffrances, ne constituent-ils pas une construction aussi réelle et agissante que l’autre, même si elle est encore invisible ? De cette somme de richesses nous ne voyons rien, et pourtant nous en sommes pour les héritiers. Ceux qui nous ont précèdé nous transmettre leur expérience, mais aussi la limite de celle-ci, le point au-delà duquel il ne leur a pas été possible d’aller, et qui a toujours été une douleur, leur douleur.  Le secret de famille est cet endroit de souffrance. C’est la plus douloureuse de la transmission, le lieu le plus obscur, celui, il faut accomplir les efforts les plus difficiles. La généalogique, c’est la transmission de ce qui est en même temps, l’obligation de poursuivre l’expérience, de sortir toujours un peu plus de l’obscurité et de donner un nom aux choses.

Le secret de famille, faiseur d’obscurité et de confusion, il n’en contraindrait que davantage les descendances à faire de la lumière, à trouver une parole pour sortir de la confusion, mettre de la conscience, et donner un nom aux choses.

François Vigouroux est un psychologue et un écrivain français. Il est né en 1936 et est décédé en 2013. Auteur de nombreux ouvrages relatifs aux mystères et secrets, notamment "Le secret de famille" édité en 1993

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