Résumé du livre de Michel Serres » Petite poucette »
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Le nouvel écolier n’a jamais vu de veau, vache, cochon, n’habite plus la même terre, n’admire plus qu’une nature du loisir ou du tourisme, ne vivra pas le même mariage, les mêmes âges, les mêmes souffrances physiques… Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer !
Voilà pour le corps ; voici pour la connaissance
N’habitant plus le même temps, ils vivent une tout autre histoire. Les médias se sont saisis depuis longtemps de la fonction d’enseignement. Les enseignants sont les moins entendus de tous ces instituteurs dominants, riches et bruyants. Les élèves habitent le virtuel, n’ont plus la même tête, n’habitent plus le même espace. Un nouvel humain est né. « Il ou elle écrit autrement, plus rapidement que je ne saurais jamais le faire de mes doigts gourds »… d’où l’expression tendre de « Petite Poucette ». Tout est à refaire, tout reste à inventer !
L’individu
Nous appartenions jadis à une religion, à une région, à un parti, à une culture… Aujourd’hui, l’individu ne sait plus vivre en couple, prier en paroisse, tenir en classe. Le collectif explose.
Que transmettre ? A qui ? Comment ?
« Que transmettre ? Le savoir ? Le voilà, partout sur la Toile, disponible, objectivé. Le transmettre à tous ? Désormais, tout le savoir est accessible à tous. Comment le transmettre ? Voilà, c’est fait ! ».
Ecole – La tête de petite poucette
De notre tête osseuse, notre tête intelligente est sortie. Entre nos mains, l’ordinateur : une mémoire, une imagination, une raison. Tombé dans la boîte, l’apprentissage nous laisse la joie d’inventer. J’invente si je me distancie de ce savoir. Un enseignant n’obtient plus le silence : le savoir annoncé, tout le monde l’a déjà. Jadis, enseigner consistait en une offre qui disait « Tais-toi ». Le bavardage refuse cette offre pour inventer, seul acte intellectuel authentique. C’est la fin de l’ère du savoir. Petite Poucette ne supporte plus le siège du passager passif.
Société
« La lucidité discerne plutôt ce qui meurt de l’ancien monde et ce qui émerge du nouveau. » Une nouvelle ère qui verra le triomphe de la multitude, anonyme, sur les élites dirigeantes, du savoir discuté sur les doctrines enseignées, d’une société immatérielle librement connectée sur la société du spectacle à sens unique… Tout le monde veut parler et communiquer en réseaux innombrables. C’est l’ère de la nouvelle démocratie du savoir, de la mort de l’offre politique,… « Volatile, vive et douce, la société d’aujourd’hui tire mille langues de feu aux monstres d’hier et d’antan, dur pyramidal et gelé. »
Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer : une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître… Faisons confiance à Petite Poucette pour mettre en œuvre cette seule réalité possible !
Laurence de Vestel, Avril 2017 – ©Oltome.com
L’ouvrage de Michel Serres, « Petite poucette », nous offre un point de vue très intéressant sur l’avenir de notre monde qui en quelques décénies a tellement changé . Les jeunes n’habitent plus le même temps ni le même espace. Avec l’explosion du virtuel, ils n’ont plus la même tête. Un nouvel humain est né. « Il ou elle écrit autrement, plus rapidement que je ne saurais jamais le faire de mes doigts gourds »… d’où l’expression tendre de « Petite Poucette ». Le monde a tellement changer que tout est à refaire, tout reste à inventer : un manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître….
Michel Serres est né le 1er septembre 1930 à Agen en France et mort le 1er juin 2019 à Paris. Il est philosophe, historien des sciences, homme de lettres et membre de l'Académie Française depuis 1990. Dans les années 1960, au moment où triomphe la pensée marxiste, le jeune Michel Serres prophétise la fin de l'ère industrielle et l'entrée dans celle de la communication. Dans les années 1980, il enseigne aux Etats-Unis à l'université de Stanford.
Il anticipe l'urgence écologique, face à la pollution généralisée, et annonce les catastrophes de la planète. Il est l'auteur de très nombreux essais philosophiques et d'histoire des sciences. Au début des années 2000, alors qu'on répète que la "fin de l'histoire" a triomphé, Michel Serres montre que les sciences construisent, au contraire, une vision du monde complète et cohérente. "Je suis à tout à fait pour l'utopie" dit-il. En 2010, il écrit "Petite Poucette" comme archétype du nouvel humain en devenir, qui pianote sans cesse sur son smartphone ou sa tablette. Son dernier ouvrage "C'était mieux avant" est un ouvrage qui démontre que "Non, ce n'était pas mieux avant : j'y étais !". Et aujourd'hui, il est des plus grand défenseur de la langue française : "Un pays qui perd sa langue, perd sa culture". 