"Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut." Ciceron

Le vivant comme modèle

Synthèse & résumé À propos du livre Biographie de l'auteur

Résumé du livre « Le vivant comme modèle » de Gauthier Chapelle

 

La voie du biomimétisme 

Je connais des gens qui prennent la Vie en horreur sous l’étrange prétexte que le Monde leur déplaît. Comme si le Monde et la Vie étaient sortis jumeaux du même ventre ! Le Monde n’est que le lieu où la vie s’aventure. Il est rarement accueillant. Il est même, parfois, abominable. Mais la Vie ! L’enfant qui apprend à marcher, c’est elle qui le tient de bout. La femme qui apprend les gestes de l’amour, c’est elle qui l’inspire. Et le vieillard qui flaire devant lui les brumes de l’inconnaissable, affamé d’apprendre encore, c’est elle qui tient ses yeux ouverts. Elle est dans la force de nos muscles, dans nos élans du cœur, nos poussées de sève, notre désir d’être et de créer, sans souci de l’impossible. « Impossible est impossible ! »  Voilà ce que dit la Vie. Avez-vous déjà vue une touffe d’herbe verte s’étonner de sortir d’une fente dans le bitume ? » Henri Gougaud, « Les Sept plumes de l’aigle ».  
Un livre pour démentir l’adage : « Si vous voulez voir une espèce en voie de disparition, regardez-vous dans la glace ».
« Le grand labo de la nature détient la solution de tous nos problèmes : il suffit de savoir le consulter. » Friedrich Engels. En effet, la nature n’est pas une source inépuisable de matières premières, mais une source inépuisable de connaissances. Retenir les stratégies d’adaptation des autres espèces, s’inspirer du fonctionnement des écosystèmes est le chemin précieux proposé par ce livre.
Gauthier Chapelle assiste en 2003 à un séminaire donné dans le Devon en Angleterre où il rencontre Janine Benyus dont le coup de génie a été de comprendre que la plus importante des caractéristiques intéressantes à observer chez les autres espèces est sa capacité à durer. Son livre « Biomimicry » fournit un arsenal d’outils qui pourraient nous aider dans la transition nécessaire pour retrouver notre place dans la biosphère. Le biomimétisme n’est pas une solution pour continuer comme avant car il est désormais bien trop tard pour cela. Comme le dit le philosophe et collapsologue Jean-Pierre Dupuy : « Il faut penser les catastrophes comme certaines, si l’on veut pouvoir… les éviter. »

1. MATIERES PREMIERES & PRINCIPES DU VIVANT

 

1. Naissance d’une vocation

Les prises de conscience grandissent-elles comme des plantes ? Celle de Gauthier Chapelle a été semée par son grand-père en Bretagne et a germé par la suite à Bruxelles. En 1978, il a dix ans, et assiste au désastre de l’Amoco Cadiz…  « Je venais de passer brutalement de la théorie à la pratique. » En 1987, Gauthier part pour une première expédition en Antarctique où il visualise avec effroi les désastres de la pollution plastique. « Ce jour-là, je comprends à quel point notre mode de vie touche la Terre entière, même dans les paradis perdus. »

2. Barge sur un arbre perché…

La barge rousse détient la durée maximale de vol autour de la Terre sans ravitaillement et sans escale. Elle réside en Alaska et parcours plus de 10.000 km en dix jours de vol ininterrompu pour se rendre en Nouvelle-Zélande. Elle se gave de nourriture pour constituer une réserve de graisse s’élevant jusqu’à 45% de son poids. Une réserve qui correspond à 7 jours de vols. Mais où trouve-t-elle l’énergie nécessaire pour les trois jours supplémentaires ? Quand les réserves ont fondu, les muscles sont surdimensionnés. La barge rousse peut en partie les consommer ! C’est comme si un excès de moteur se transformait en carburant !
Le botaniste Francis Hallé illustre le potentiel du biomimétisme avec une parabole éloquente… Si nous devions construire la structure suivante :

  • Une hauteur de 60 m sur une surface ronde de 2 m de diamètre
  • Le 1/3 supérieur équipé de panneaux solaires d’une superficie de 15 hectares régulant l’humidité et qui soient biodégradables
  • Des fondations de 3 m de prof pour réguler les 3 m de précipitation annuels
  • Edifiée avec un matériau gratuit, local, de façon silencieuse et invisible, capable de s’auto-réparer et de se reproduire
  • Accueillant les organismes vivants
  • Et dont les plans tiennent dans une boite de 1 cm de diamètre…

Combien d’architectes s’inspirent des arbres pour leurs projets ? Les arbres, dépositaires de secrets ancestraux devraient être nos maîtres.

3. Bactéries et calendrier du vivant

Nous sommes les fruits de la pulsion de vie de cette infime entité qu’est la bactérie, notre ancêtre commun par lequel nous sommes tous reliés. Tous, arbres, champignons, humains… Une réunion de famille qui a demandé des milliers de millions d’années avant de prendre la forme que nous lui connaissons…

Le 1 janvier, la Terre est née

Le 1er mars, c’est l’émergence de la vie bactérienne

Le 20 novembre, apparaissent les poissons

Le 22 novembre, apparaissent les plantes,

Le 13 décembre, apparaissent les premiers mammifères,

Le 31 décembre à 23h54, ce sont les homo-sapiens,

Le 31 décembre à 23H59, c’est la révolution industrielle

La révolution industrielle déclenchée par une seule espèce, la nôtre, et qui ne représente qu’une seconde dans l’année, menace une immensité de temps d’expérimentation du vivant… Allons nous rester convaincus que les innovations technologiques vont nous sortir de là ? Allons-nous comme les Vikings nous obstiner à perdurer nos systèmes inopérants et déconnectés de la biosphère pour finir par nous écrouler ou allons–nous enfin remettre en question nos modes de vie suicidaires ?

4. La Terre, berceau du vivant 

« Il attendait son heure dans un plateau calcaire depuis que les mers paléozoïques avaient recouvert la région. Pour un atome enfermé dans un rocher, le temps ne passe pas. La délivrance vint le jour où une racine de chêne à gros glands se fraya un chemin dans une crevasse qu’elle se mit à fouiller. En l’éclair d’un siècle, la roche se désagrégea, et l’atome fut projeté dans le monde des choses vivantes. Il aida à la fabrication d’une fleur, qui devient un gland, qui engraissa un cerf, qui nourrit un Indien, tout cela en moins d’un an ». Aldo Léopold  
Pour nous les Terriens, le feu c’est d’abord le Soleil qui nous apporte chaleur et lumière et qui nous permet de nous perpétuer. La photosynthèse est le mode dominant d’acquisition d’énergie de la biosphère. Le couplage de la photosynthèse et de la respiration est la base de la circularité de l’économie du vivant. Le flux solaire introduit et maintient de l’ordre et de la complexité dans la matière à travers les milliards d’individus des millions d’espèces qui forment la biosphère. Un grand carrousel fixant le carbone d’un côté avec l’énergie du soleil via la photosynthèse des plantes et des algues et le libérant de l’autre côté par la respiration de tous les organismes vivants !

5. Les Principes du Vivant

Les Principes du Vivant permettent à tout les habitants de notre planète d’être à la fois compatibles avec elle et entre eux. Ils sont un code de conduite des êtres vivants et un outil de diagnostic puissant par rapport à la durabilité de toute innovation ainsi qu’une inépuisable source de créativité. La liste de Biomimicry 3.8 postule que « la vie crée les conditions favorables à la vie ».
Les 16 principes de Hoagland & Dodson.

  1. La vie se développe du bas vers le haut
  2. La vie s’assemble en chaînes
  3. La vie a besoin d’un dedans et d’un dehors
  4. La vie utilise peu de thèmes pour générer de multiples variations… quelques notes pour de nombreuses symphonies…
  5. La vie s’organise grâce à l’information
  6. La vie encourage la diversité en redistribuant l’information
  7. La vie crée à partir d’erreurs
  8. La vie naît dans l’eau
  9. La vie se nourrit de sucre (au travers de la photosynthèse)
  10. La vie fonctionne par cycle
  11. La vie recycle tout ce qu’elle utilise
  12. La vie perdure grâce aux rotations de matières
  13. La vie tend à optimiser plutôt qu’à maximiser
  14. La vie est opportuniste
  15. La vie est compétitive sur un socle de coopération, ainsi, « les gentils durent plus longtemps ! » selon Lewis Thomas
  16. La vie est interconnectée et interdépendante

2. LES QUATRES CHOCS

Les hommes peuvent-ils redevenir compatibles avec leur biosphère ? 

Je suis l’Océan,

Je suis l’Eau,

Je suis la plus grande partie de cette planète,

Je l’ai façonnée.

Chaque courant, chaque nuage et chaque goutte de pluie, tous finissent par me revenir

D’une façon ou d’une autre, chaque être vivant ici a besoin de moi,

Je suis la source, je suis de ce dont ils émergent

Les humains ? Ils ne sont pas différents…

Je ne leur dois rien.

Je donne, ils prennent,

Mais je peux toujours le leur reprendre,

C’est juste ainsi qu’il en a toujours été.

Ce n’est pas leur planète de toute façon, ça ne l’a jamais été, ça ne le sera jamais.

Mais les humains,

Ils prennent plus que leur part, ils m’empoisonnent,

Puis ils s’attendent à ce que je les nourrisse,

Eh bien, ça ne fonctionne pas comme ça.

Si les humains veulent exister dans la Nature avec moi,

Et en même temps ne pas tenir compte de moi,

Je suggère qu’ils écoutent attentivement, je ne me répéterai pas :

Si la nature n’est pas gardée en bonne santé,

Les humains ne survivront pas, c’est aussi simple que ça.

Moi, avec ou sans les humains, c’est le cadet de mes soucis.

Je suis l’Océan.

J’ai recouvert entièrement cette planète un jour,

Et je peux toujours la recouvrir à nouveau.

C’est tout ce que j’ai à dire. »

6. Antarctique et changement climatique

La faune et la flore des fonds marins constituent une jungle exubérante et incroyable qui s’étend souvent de manière intégrale.   Une forêt sous-marine qui offre une quantité d’opportunités énorme. L’Antarctique, premier congélateur de la planète, montre les premiers signes du réchauffement climatique. Le tapis roulant connectant les glaciers est en train de se dérègler et la faune s’appauvrit considérablement. Sans le changement climatique que nos pays ont provoqué, une couche de 200 m de glace se trouverait encore sous nos pieds… 

7. Mille ans d’avance

L’accroissement des quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère trouve ses origines dans notre utilisation massive des combustibles fossiles, l’augmentation massive de l’élevage de ruminants, et la déforestation. Au lieu de regarder ce qui nous arrivera, regardons ce qui risque de se produire dans les mille ans à venir selon une hypothèse postulant un pic de nos émissions aux alentours de 2050, et qui requérait un effort collectif planétaire conséquent d’ici là. Si les émissions de CO2 diminuent de moitié, la concentration dans l’atmosphère continuera à augmenter et n’amorcera son déclin que entre 100 et 300 ans plus tard. Et comme il faut beaucoup plus de temps pour chauffer une casserole d’eau qu’une casserole d’air, la hausse de température va être absorbée par les océans à hauteur de 90%. La température ne diminuera qu’au-delà de l’an 3000, et quand à la montée des eaux provoquée par la fonte des glaces, elle ne sera pas stabilisée avant l’an 3000 non plus. Quel que soit le rythme de hausse des glaciers, il va falloir rapidement s’adapter : rehausser les lignes de côte, abandonner certaines terres, créer des villes flottantes… Le temps est à l’urgence. Le véritable défi posé par notre changement climatique, c’est sa vitesse… et ceux pour qui la vitesse du changement sera le plus problématique, c’est nous avec nos modes de vies, nos villes, nos économies…

8. Le pic du pétrole

Alors qu’il est urgent de nous passer du pétrole, charbon et gaz, nos économies soutiennent activement le « toujours plus » à grand renfort de subsides… Nous consommons 24h sur 24 près de 400 esclaves énergétiques qui équivalent à la force physique développée par 400 personnes. Si vous faites l’exercice de passer en revue tous les objets qui vous entourent, aucun n’a pu être fabriqué ou transporté sans l’aide du pétrole. Il n’y a que les plantes sauvages comestibles et les légumes du potager qui échappent à cette dictature poisseuse !
L’électricité est produite grâce au pétrole. Sans électricité, pas de web, pas de téléphone, pas de drones, pas de télé, pas de bornes… Les barrages hydro-électriques, les éoliennes, le solaire dépendent aussi du pétrole pour sa fabrication.
Nous avons consommé 50% du pétrole existant. Le EROI, (Energy Return On Investment) qui mesure le rapport entre la quantité d’énergie utilisable par rapport à celle dépensée pour l’obtenir commence à devenir négatif. Il faudra très bientôt investir un baril de pétrole pour en produire un autre… En l’espace d’un flash géologique nous avons brûlé des centaines de millions d’années d’accumulation.   En une journée nous utilisons 2700 années d’accumulation géologique !

9. Le pic des métaux

Si nous continuons d’utiliser le fer au rythme où nous l’utilisons aujourd’hui, il n’y en aura plus d’ici 80 ans. Pour le cuivre, indispensable aux câbles électriques, éoliennes, téléphone portable, ordinateur… il ne resterait que 30 ans de réserves. Et pour le terbium, 12 ans. Le terbium peu connu sert pourant à l’éclairage des écrans de portable, aux pilles à combustible, aux ampoules basse consommation, aux éoliennes… Pourquoi cela n’a t-il pas été anticipé au moment de l’innovation ? Les chercheurs devaient trouver la meilleur technologie… ce n’était pas leur boulot de penser à la réserve des métaux disponible !…

10. Crise de la biodiversité et algues invisibles

« La biodiversité n’est pas une somme d’espèces, mais une somme d’interactions entre organismes, parfois même au sien d’une même espèce. » Jacques Weber
Le taux actuel d’extinction serait 1000 fois plus élevé que le taux d’extinction naturel.
L’algue bleue, une micro algue prolifère considérablement. Elle est d’une importance considérable dans la photosynthèse : aussi bien pour fixer le carbone que pour produire de l’oxygène. Une molécule sur cinq d’oxygène que nous respirons a été exhalée par une de ces minuscules sphères translucides. Au rythme actuel, la masse de plastique excédera la masse des poissons dans les océans. Mais la vie vivra… En cas d’effondrement majeur de notre espèce, notre complète extinction est peu probable. Si 99 % de l’humanité venait à disparaître, cela laisserait 70 millions d’êtres humains. Le monde le plus menacé, est le nôtre, celui qui vit grâce à 400 esclaves énergétiques par personne…
« L’architecte du futur construira en imitant la nature, parce que c’est la plus rationnelle, durable et économique des méthodes. » Antoni Gaudi

III. LE BIOMIMETISME, SOURCE D’INSPIRATIONS

11. Biomimétisme des formes : s’inspirer des formes

« Ce n’est pas pour conquérir la nature qu’un hibou ou un martin-pêcheur ont acquis leurs plumes ou leur bec. S’ils ont évolué de la sorte c’est d’abord parce que ces procédés leur on permis de rester en vie… Soyons modestes ! » Eiji Nakatsu  Eiji Nakatsu, l’ingénieur du TGV japonais, Shinkansen », s’est inspiré du bec du martin-pêcheur.   « Un arbre, un brin d’herbe, un oiseau ou un poisson, tous peuvent être des professeurs exceptionnels et éternels ».   Les tubercules de la nageoire pectorale de la baleine à bosse a inspiré un nouveau type d’éolienne (pas encore sur le marché… la motivation est freinée par les commandes ininterrompues des anciennes… et ce depuis 7 ans !). La raie Manta a donné naissance à l’hydrolienne. Les yeux de la mouche ont inspirés des panneaux solaires susceptibles d’augmenter de 10% la part de lumière captée. Le scarabée du désert du Namib a permis de mettre au point des mécanismes de récolte d’eau dans le désert. La peau du requin a démontré que algues n’adhéraient plus aux hélices de navire et ainsi de protéger les surfaces d’hôpitaux où les bactéries ne peuvent plus adhérer…

12. Biomimétisme des matériaux

Notre attitude à l’égard des matériaux n’est pas sans faire penser à celle des adolescents qui avons essayé tout et n’importe quoi avec une frénésie incommensurable et qui ont oublié momentanément leur propre mortalité.
Il est essentiel de fabriquer avec des substances ayant une chimie compatible avec le reste du vivant pour ne pas générer de toxicité rémanente et permettre à ses constituants de réintégrer les cycles biogéochimiques auxquels ils appartiennent. Plus nous collerons aux approches du vivant, plus nous apprendrons à travailler à température et pression ambiantes pour une consommation énergétique moindre.
La soie secrétée par les araignées et un véritable matériau composite de protéines. Son imitation permettra le développement de toutes sortes de textiles techniques. L’imitation des colles des moules pourra servir de substitut aux colles chimiques. Les spicules des éponges constituées de verres pourraient remplacer la fibre optique…
L’approche Cradle to Cradle, « du berceau au berceau » est un concept d’éthique environnementale qui intègre de la conception à la l’utilisation du produit une exigence 0 pollution et 100% réutilisé. «  La vie recycle tout ce qu’elle utilise ». Une approche en plein développement pour les chaussures, tapis, meubles, bâtiment…

13. S’inspirer du flux pour un photovoltaïque organique

Le photovoltaïque consiste à transformer la lumière en électricité. Malgré ses qualités, le PV est produit par une chimie minérale et des matériaux dont nous allons bientôt manquer. La question du recyclage et la toxicité du cadmium posent également problème. Janine Benyus fut la première à suggérer de s’inspirer des feuilles, de la photosynthèse. L’approche consiste à intégrer progressivement des matériaux organiques afin de diminuer le recours à des matériaux rares ou toxiques et nous rapprocher petit à petit de panneaux solaires plus « Cradle to Cradle ». Imaginez des panneaux qui poussent comme des plantes… Les forêts n’ont pas fini de nous instruire. Si les arbres savent le faire, pourquoi par nous ?

14. Le biomimétisme écosystémique

Le biomimétisme s’appuie sur la vie compétitive sur un socle de coopération. Moins de biens : plus de liens… Le premier domaine à améliorer est le domaine de la nourriture qui permet de réapprendre à cultiver les relations de coopération.
Notre agriculture doit participer à la restauration et à la revitalisation de sols.
Six principes pour une agriculture biomimétique post-carbones

  1. Utiliser des traits fonctionnels complémentaires pour assurer production et résilience. Les synergies entre espèces sont au cœur de la permaculture.
  2. Maintenir la fertilité du sol en le gardant couvert. La mise à nu d’un sol est une aberration : elle le rend vulnérable au rayonnement solaire et aux précipitations.
  3. Favoriser les collaborations plutôt que la compétition entre les plantes
  4. Contrôler les ravageurs par des niveaux trophiques complexes
  5. Utiliser les propriétés des plantes et les alternatives biologiques pour contrôler ravageurs et maladies
  6. Reproduire les successions écologiques après une perturbation. L’évolution de chaque écosystème comme un cycle adaptatif passant successivement par les phases de croissance rapide, de conservation, de libération, de réorganisation.

Il faut réinventer une agriculture qui imitait les écosystèmes naturels. Les arbres possèdent une structure très solide, stabilisent le sol et sont plus efficaces pour capter l’eau et les nutriments en profondeur, ainsi que la lumière. Remettre l’arbre au cœur de l’agriculture pour développer des forêts-jardins pour rétablir l’écosystème est essentiel.   Planter quelques plantes vivaces avec du fumier, sans pulvérisation, sans tracteur avec des semences « libres » et un minimum d’arrosage. Les plantes annuelles peuvent être associées aux cultures vivaces, car à l’avenir, l’extraordinaire diversité que l’humanité a créée au fil des millénaires permettrait d’obtenir des rendements rapides durant des périodes d’accalmie et les graines pourraient être transportées en cas de catastrophe.
Au Bec-Hellouin, sur 1 ha, 1000 m2 sont réservés à des cultures de maraîchage. Sur les 9000 M2 restant, il y a une maison bioclimatique, une serre, un pré verger, des animaux, une forêt-jardin, un bassin, et des ruches… une formidable biodiversité.   Au lieu 100 hectares mécanisés qui assure un seul emploi et produisent une nourriture pauvre en détruisant les sols, on peut créer 30 emplois et nourrir entre 500 et 1000 personnes avec des produits sains. La ferme du Bec-Hellouin est la preuve que faire appel aux Principes du Vivant permet de créer des îlots de réorganisation à partir desquels de nouvelles sociétés pourront se réinventer.

15. S’inspirer des écosystèmes pour coopérer entre nous

Les types de relations :
A         B          Relation
+          +          Mutualisme                          Fleur et abeilles
+          0          Commensalisme                  Acarien sur notre peau
0          0          Coexistence
+          –          Prédation                             Une espère tire avantage, l’autre souffre
–          –          Compétition                        La relation coûte au 2 espèces
La symbiologie (nouvelle discipline scientifique) est riche d’enseignements pour les adorateurs de la compétition que nous sommes. Les bactéries sont les championnes de la symbiologie. Les bactéries représentent 1kg de notre poids et se retrouve principalement dans notre estomac pour nous protéger de leurs collègues pathogènes. Les symbioses sont partout dans le vivant et sans elles nous ne serions pas là. Elle confirment que la vie pratique la compétition sur un socle de coopération. Les innovations majeures de l’évolution du vivant résultent de symbioses.
Ramener de la coopération dans nos organisations au service d’une relation harmonieuse avec le reste de la planète demandera du temps. Nous sommes imprégnés du discours dominant sur la compétition. Mais les champions de la coopération restent…nous-mêmes ! Les villes, les hôpitaux, les recherches ne seraient pas possible sans notre capacité de coopération. Pensons aux milliers de personnes ont collaborés à la réalisation de votre téléphone portable.
La vie a besoin d’un dehors et d’un dedans… Pour parvenir à cette sécurité, le maître-mot est la membrane : elle contient, protège, garantit l’identité et filtre.
L’arbre et les champignons nous offrent un exemple de collaboration extraordinaire. Dans une vieille forêt non perturbée par l’homme, chacun de nos pas surplombera l’équivalent de presque 500 km de filament mycéliens de champignons qui connectent les arbres entre eux ce qui leur permet de s’entraider (allocations familiales). Pourquoi cette collaboration ? Les champignons ne mettent pas tous leurs œufs dans le même panier et s’assurent de pouvoir toujours coopérer avec au moins un arbre en bonne forme.   Quand aux arbres ils veillent sur la santé des autres arbres pour garantir la leur. La forêt est aussi l’exemple d’un formidable réseau collaboratif entre arbres, champignons, bactéries et autres sans pilote, sans pdg. Les décisions sont prises localement sur base d’informations locales ce qui permet des réponses rapides et adaptées pour permettre à l’écosystème de maintenir son intégrité tout en évoluant en permanence.
Frédéric Laloux parle des organisations comme d’organismes vivants. Le vivant apporte de plus en plus de métaphores au monde économique et entrepreneurial pour nous inspirer face aux crises multiples que notre civilisation industrielle est entrain de préparer. En écologie, la résilience d’un écosystème désigne sa capacité à se rétablir d’une perturbation en gardant les mêmes fonctions, la même structure, la même boucle de rétroaction et la même identité.

CONCLUSION

Il est temps de nous reconnecter. Il aura fallu 2 siècles pour que la civilisation thermo-industrielle devienne la sixième grande menace pour la biosphère. Notre tâche est brutalement dure et terriblement simple : il faut garder le carbone dans le sol. Les premiers signes de réorganisation semblent indiquer une mutation profonde. Il est prouvé que quand les conditions se durcissent, les communautés d’humains renforcent leur collaboration.   Les choix qui se posent en Grèce aujourd’hui ne sont que les prémices de ceux qui nous attendent à l’échelle de l’humanité, de façon encore plus sévère pour nous, Occidentaux, gavés par nos 400 esclaves énergétiques. Espérons que le besoin de confiance entre nous sera suffisant pour faire émerger le niveau de conscience dont nous avons besoin pour nous reconnecter à la terre et savourer la sensation d’être vivants ensemble.
Laurence de Vestel – ©oltome.com 2017

Le vivant comme modèle de Gauthier Chapelle est un véritable petit chef d’oeuvre passionnant.   Ce biologiste belge nous parle avec un coeur aussi immense que son savoir du biomimétisme.   Un livre qui pourrait faire démentir l’adage : « Si vous voulez voir une espèce en voie de disparition, regardez-vous dans la glace ».  Si nous pouvions seulement suivre sagement l’exemple du vivant qui nous montre le plus bel exemple de durabilité… Un ouvrage qui fourmille d’histoires merveilleuses sur les animaux, les oiseaux, les baleines.  Il suffirait de  s’en inspirer pour réinventer un monde où il ferait bon vivre durablement.  C’est indéniablement urgent !
« Le grand labo de la nature détient la solution de tous nos problèmes : il suffit de savoir le consulter. » Friedrich Engels. En effet, la nature n’est pas une source inépuisable de matières premières, mais une source inépuisable de connaissances. Retenir les stratégies d’adaptation des autres espèces, s’inspirer du fonctionnement des écosystèmes est le chemin précieux proposé par ce livre.
Gauthier Chapelle assiste en 2003 à un séminaire donné dans le Devon en Angleterre où il rencontre Janine Benyus dont le coup de génie a été de comprendre que la plus importante des caractéristiques intéressantes à observer chez les autres espèces est sa capacité à durer. Son livre « Biomimicry » fournit un arsenal d’outils qui pourraient nous aider dans la transition nécessaire pour retrouver notre place dans la biosphère. Le biomimétisme n’est pas une solution pour continuer comme avant car il est désormais bien trop tard pour cela. Comme le dit le philosophe et collapsologue Jean-Pierre Dupuy : « Il faut penser les catastrophes comme certaines, si l’on veut pouvoir… les éviter. »

Oltome - Gauthier Chapelle biographie écrivain Gauthier Chapelle est naturaliste, ingénieur agronome et docteur en biologie de l'Université de Louvain.  Il né en 1968 en Belgique.   Il a dix ans lorsqu'il assiste au désastre de l’Amoco Cadiz en 1978 : « Je venais de passer brutalement de la théorie à la pratique. » En 1987, Gauthier part pour une première expédition en Antarctique où il visualise avec effroi les désastres de la pollution plastique et réalise à quel point notre mode de vie touche la Terre entière. Il assiste en 2003 à un séminaire donné dans le Devon en Angleterre .  Il y rencontre Janine Benyus, grande pionnière du biomimétisme.  Il décide alors de promouvoir le biomimétisme en Europe au travers l'ASBL Biomimicry-Europa qu'il co-fonde en 2006.  Et ensuite avec le bureau d’études Biomim-Greenloop créé en 2007.  Il est conférencier, collaborateur scientifique, auteur de nombreuses publications scientifiques, naturaliste amoureux d’oiseaux, de cétacés ("Ceci n'est pas un dauphin"), d’orchidées et de plantes sauvages comestibles. Son dernier ouvrage, Le vivant comme modèle, est paru chez Albin Michel en 2015.
Elephant Oltome

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